
Synopsis
Woody a toujours privilégié la joie et le bien-être de ses jeunes propriétaires – Andy puis Bonnie – et de ses compagnons, n’hésitant pas à prendre tous les risques pour eux, aussi inconsidérés soient-ils. L’arrivée de Forky un nouveau jouet qui ne veut pas en être un dans la chambre de Bonnie met toute la petite bande en émoi. C’est le début d’une grande aventure et d’un extraordinaire voyage pour Woody et ses amis. Le cowboy va découvrir à quel point le monde peut être vaste pour un jouet…
__Allociné_

Mon avis
En rentrant de vacances, je me suis rendu compte que je ne vous avais pas parlé de Toy Story 4, l’heure est venu de réparer cet affront et de donner mon avis sur la dernière production Pixar sortie cet été.
Dans cette suite nous retrouvons toute la bande habituelle, toujours emmenée par Woody et Buzz, qui doit accueillir un nouveau jouet fabriqué par Bonnie : Fourchette. Le film verra le retour de la bergère, à présent baptisée Bo (venant de son nom original : Bo Beep).
Toy Story 4 a la lourde tâche de succéder à Toy Story 3 qui concluait à la perfection l’ex-trilogie, et s’engage à proposer une nouvelle vraie conclusion.
Nous sommes alors en droit de nous demander si ce 4e opus répond à nos attentes ou si finalement, il ne s’agit pas de la fin de trop ?

Je vais commencer par énoncer un point qui fait l’unanimité, le film est ma-gni-fique. Je sais que je ne suis pas loin de dire que l’eau ça mouille, mais Pixar franchi clairement un cap dans cet opus. Les textures, les lumières, les reflets, les détails sont d’un réalisme absolument bluffant, aussi bien pour les personnages que pour les décors, dont on se demande parfois s’il ne s’agit pas de captations réelles tant le photoréalisme est impressionnant (et comparé à Toy Story ça l’est d’avantage).
Mais à l’instar du Roi Lion, la performance technique ne suffit pas à justifier un film. Heureusement, cette fois les scénaristes annoncent avoir une histoire à raconter. Et le premier sentiment que l’on peut avoir c’est « ah…ah bon ? Mais c’était fini après Toy Story 3 pourtant..? » ; c’est d’ailleurs les propos tenus par les réalisateurs des précédents films, de Pixar et de Disney : « le but de Toy Story 3 était de créer une fin phénoménale entre la relation des jouets avec Andy« . Et c’était hyper réussi, jusque dans les symboles les plus subtils (indice : les nuages).
Pourtant à l’officialisation d’une suite, le discours des producteurs change et peut paraître bancal : « Ce n’est pas une continuation de la fin de Toy Story 3. […] Le troisième film était une belle façon de compléter une trilogie. Je ne pense pas que ce film fasse partie de cette trilogie. C’est une histoire distincte.«
Et c’est mon ressenti après avoir vu le film, Toy Story 4 est un standalone. Il se porte seul et se suffit à lui même ; exactement comme les quelques courts-métrages de la licence.
Le scénario tente de sortir le spectateur de sa zone de confort avec une écriture qui va surprendre : le retour de Bo, la naissance de Fourchette et Gabby Gabby, une antagoniste moins diabolique qu’il n’y parait. Ces intrigues sont vraiment intéressantes et apportent des messages qui contrebalancent avec ce qui était défendu jusqu’ici. L’arc narratif autour de Fourchette fait écho à celle de Buzz l’éclair dans Toy Story et d’une manière générale, le film se sert de beaucoup de ces éléments pour tenter de comprendre le vrai rôle d’un jouet.
L’histoire a aussi la bonne idée d’éloigner nos jouets d’une maison au confort sécurisant, et les fait voyager jusqu’à une boutique d’antiquité et une fête foraine pour apporter un vent de nouveautés (au moins visuellement). Malheureusement, le scénario tombe par moment dans un schéma de péripéties redondant et déjà-vu dans les films précédents. Évidemment je suis ravi et ému de suivre de nouvelles aventures des jouets qui ont bercé mon enfance, mais malgré tout, j’ai quand même l’impression que la licence arrive en bout de course ; certains personnages n’ont plus grand choses à raconter (Buzz par exemple ????), d’autres sont carrément aux abonnés absents. La faute (ou la conséquence ?) à un casting majoritairement remanié pour introduire de nouveaux personnages, non pas inintéressants mais moins attachants malgré eux ; seul Fourchette tire vraiment son épingle du jeu parmi les petits nouveaux. Bo quant à elle n’est pas un personnage neuf mais n’a plus grand chose à voir avec la gentille bergère des deux premiers opus, elle est entièrement réécrite pour coller à « la mode » des personnages féminins forts actuelle. Heureusement c’est assez bien fait et elle apporte un vrai plus au film ; sa relation avec Woody est beaucoup plus plaisante puisqu’elle ne se contente plus d’être passive mais bouleverse clairement les idéaux de notre cow-boy.


La transition est toute trouvée pour vous parler de la fin. Contrairement à Mathilde qui l’a trouvé touchante et belle, je n’ai pas pu m’empêcher de la trouver bouleversante et presque traumatisante. Voir Woody quitter ses amis a été un véritable déchirement. Impensable au début du métrage, ce revirement de situation se dessine petit à petit et amène le personnage à cette finalité dont il ne peut échapper (Bonnie je t’en veux tellement si tu savais ????). Même si tout le monde semble heureux dans cette nouvelle situation, je n’arrive pas à imaginer Buzz et Woody séparés sans avoir le cœur qui se remplis de chagrin. J’ai complètement l’impression qu’on a arraché une partie de mon enfance. (Je suis trop égoïste, Woody est sans doute plus heureux comme ça).
C’est là que j’en viens à faire le lien avec Toy Story 3, ce dernier était une conclusion mélancolique qui voyait nos héros résister à la séparation, comme une famille qui peut tout surmonter du moment qu’elle est réunie (la scène de la décharge ❤️) ; alors que Toy Story 4, qui se présente dorénavant comme « la vraie fin », apporte un dénouement en total opposition puisqu’il y voit cette fois la fatalité de la séparation, comme si l’opus précédent n’était finalement qu’un répit avant le chagrin final.
Difficile donc de savoir si ce film est la fin de trop. Certains verront la licence Toy Story comme une quadrilogie avec deux conclusions : Andy trouve son dénouement au numéro trois et le reste des personnages, et surtout Woody, au numéro quatre. D’autres jugeront que la saga prend la forme d’un 3+1 où Toy Story 4 n’est pas vraiment lié et peut ne pas être considéré si l’on n’est pas prêt à avoir le cœur brisé.

Informations
Toy Story 4 de Josh Cooley (Cars 2, Vice Versa) avec Jean-Philippe Puymartin, Richard Darbois, Audrey Fleurot – sorti le 26 juin 2019