Les Nouveaux Mutants : Réussite inattendue

Rahne Sinclair, Illyana Rasputin, Sam Guthrie et Roberto da Costa sont quatre jeunes mutants retenus dans un hôpital isolé pour suivi psychiatrique. Le Dr Cecilia Reyes, qui estime ces adolescents dangereux pour eux-mêmes comme pour la société, les surveille attentivement et s’efforce de leur apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Lorsqu’une nouvelle venue, Danielle Moonstar, rejoint à son tour l’établissement, d’étranges événements font leur apparition. Les jeunes mutants sont frappés d’hallucinations et de flashbacks, et leurs nouvelles capacités – ainsi que leur amitié – sont violemment mises à l’épreuve dans une lutte effrénée pour leur survie.
__Allociné.

Qui l’aurait cru ? Qui aurait imaginé que les Nouveaux Mutants seraient un bon film ? Pire, qui aurait imaginé que les Nouveaux Mutants soit le meilleur film estampillé X-men que l’on ait eu depuis au moins dix ans ? Certainement pas moi.
Et pourtant, le long métrage maudit de Josh Boone est un super film ; pas exempt de défauts, mais un produit largement positif.

La production a été chaotique comme rarement : reshooté, puis en fait pas vraiment reshooté, décalé cinq fois, et enfin sacrifié par la Fox puis par Disney, si au final vous n’avez pas entendu parlé des Nouveaux Mutants, c’est normal, sa sortie a été totalement étouffée par LE blockbuster de cet été : Tenet.

C’est donc sans en attendre quoi que se soit et sans enthousiasme que je me suis rendu en salle. Et à ma grande surprise, ces Nouveaux Mutants sont très réjouissants. Josh Boone livre un long métrage réalisé avec le cœur. Habitué des teens movies, il en maitrise les codes et évite les pièges faciles de ce style. Ainsi, les personnages sont écrits avec finesse, chacun a une histoire et un univers suffisamment fourni pour que l’on s’y attache et qu’on s’investisse dans leurs péripéties. Ils restent entourés d’une zone d’ombre (on découvre Sam balafré et plâtré, et on ne saura jamais pourquoi) qui disparait partiellement au fil du film pour les mener à un accomplissement personnel convaincant. Leurs interactions sont également bien écrites et rappellent les aspects du malêtre adolescent et du passage à l’âge adulte abordés dans X-men et X-men 2 qui avaient disparu depuis. Boone est le premier depuis bien longtemps à avoir saisi tout le potentiel métaphorique des mutants adolescents.
Le métrage propose aussi des idées créatives hyper intéressantes et innovantes. Les pouvoirs des personnages sont pour quelques un·e·s nouveaux et franchement cools – surtout celui d’Illyana (Anya Taylor-Joy) et sont enfin utilisés de manière plus réaliste, si vous avez vu The Boys (au moins la scène d’intro) vous voyez où je veux en venir. J’aime beaucoup la technologie présentée, mélange bien équilibré de quelques choses de très rétro et de très moderne, l’époque du film est compliquée à définir et permettra certainement au film de bien vieillir ; enfin uniquement si on oublie les effets numériques qui manquent un peu de travail et qui vont venir devenir cheap ; ça compense.

Les premiers teasers promettaient un réjouissant film d’horreur à la sauce super-héroïque, et là encore à cause d’une production assez floue, le film peine à trouver son style. Qu’on se le dise, les Nouveaux Mutants n’est pas un film d’horreur (les classifications PG-13 aux États-Unis et -12 en France en sont la preuve). S’il en a l’apparence, quelques codes (Maisie Williams crie à la perfection), une bonne bande originale et deux ou trois scènes qui nous crispent à nos accoudoirs, le film force un peu son côté terrifiant. Et pourtant il n’en avait pas besoin ; car avec sa tension permanente, ses sept personnages et son huit-clos, l’œuvre se rapproche plus d’un 10 Cloverfield Lane que d’un Conjuring.

Les Nouveaux Mutants est ma surprise de cet été. Je n’en attendais pas grand chose, si ce n’est rien du tout et finalement je suis ressorti de la salle de cinéma ravi de cette heure et demie passée à vivre les péripéties de ces adolescents. Le long métrage est réjouissant par sa générosité et son envie de proposer quelques choses de différent : différent des films de super-héros actuels et différent des blockbusters bodybuildés du moment ; sa forme et son ambiance me rappelle même les films à l’ancienne des années 80.
De mon point de vue, les Nouveaux Mutants conclue la période des X-men sous l’égide de la 20th Century Fox de fort belle manière, en proposant un retour aux sources que je n’attendais plus ; et je ne peux que vous conseiller de foncer au cinéma voir l’œuvre de Josh Boone.