Synopsis
Au fond de la savane africaine, tous les animaux célèbrent la naissance de Simba, leur futur roi. Les mois passent. Simba idolâtre son père, le roi Mufasa, qui prend à cœur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar, le frère de Mufasa, l’ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l’exil de Simba. Avec l’aide de deux nouveaux amis, Timon et Pumbaa, le jeune lion va devoir trouver comment grandir et reprendre ce qui lui revient de droit…
__Allociné_
Mon avis
Le Roi Lion version live est un véritable paradoxe. Artistiquement il n’apporte rien, du moins rien de plus que ce que le dessin animé de 1994 n’avait déjà apporté. Le réalisateur, Jon Favreau livre une copie très (trop ?) fidèle à l’œuvre d’origine, parfois plan pour plan. Tous les artifices émotionnels sont recyclés (la musique, les enjeux, les scène emblématiques…etc), le scénario ne propose aucune nouveauté, se limitant juste à rallonger quelques scènes pour passer d’une durée de 1h29 (pour la version de 1994) à 1h58 (pour la version de 2019).
Bien sur cet aspect est très réussi, tout ce qui fonctionnait par le passé fonctionne aussi dans ce remake ; mais l’intérêt du métrage est clairement limité.
Mais le Roi Lion est un paradoxe car il est une véritable prouesse technique qui vaut vraiment le coup d’être vu. Impossible de dire si les animaux à l’écran sont réels ou des créatures numériques. Bien que Jon Favreau et l’équipe technique aient pris quelques 240 000 photos en observant la savane et les animaux, le terme “live-action” trouve sa limite car avec un seul plan réel et 1490 plans numériques, cette oeuvre s’avère être plutôt une film d’animation hyper-réaliste qu’un film en prises de vues réelles.
Favreau profite de cet angle de réalisation pour proposer une version totalement réaliste qui s’éloigne de l’ambiance cartoon du dessin animé. C’est là que l’on trouve le principal défaut du film : l’absence d’émotions démesurées au profit d’expressions réelles perturbe ; et les mouvements de bouches superposés au doublage crée un décalage qui gêne, par moment il est même difficile de ne pas visualiser les comédiens derrière leurs micros (en tout cas pour la VF, puisque je n’ai vu que la version française, qui excepté pour Jean Reno n’est vraiment pas terrible). La mise en scène s’en retrouve assez plate et molle et parce-que c’est un choix de réalisation assumé par Jon Favreau il parait difficile de condamner cet aspect, mais il reflète l’ambiguïté du projet.
Principalement pour ces 2 raisons, Le Roi Lion n’est pas un mauvais film, mais on ne peut pas non plus dire qu’il soit bon.
En sortant de la salle j’étais pas mal embrouillé. Quelle a été la volonté de Disney avec Le Roi Lion version 2019 ? Prolonger la volonté de Walt Disney qui l’a animé depuis 1938 : raconter des histoires aux enfants ? La réponse évidente à cette question serait “non”, mais en y réfléchissant un peu, et en étant assez positif, on peut considérer qu’avec ce remake Disney n’avait pour but que de permettre à une nouvelle génération de découvrir cette histoire fichtrement efficace, d’où l’envie de ne rien modifier, en changeant uniquement la forme. L’animation était à l’époque le seul moyen de raconter ces récits, mais aujourd’hui, grâce aux technologies très performantes, l’imagination est quasiment la seule limite du cinéma. Bien sur cette hypothèse utopique s’applique à toutes les adaptations live sorties ces dernières années.
Mais Disney n’est finalement rien de plus qu’une multinationale capitaliste à l’appétit financier infini, Bob Iger saisit l’opportunité de régner sur le cinéma mondial en produisant ces remakes à succès avec comme devise : risque minimal, succès maximal. (Méthode qu’il applique à peu prêt partout : les franchises développées dans les parcs, la création de Disney+, les rachats de Marvel Studios, de Lucasfilms, de la 20th Century Fox…etc).
Si tout réussi actuellement à Disney, il y a une chose qui lui résiste encore : les films originaux. Avec entre autres Lone Ranger, John Carter, ou encore Tomorrowland, la compagnie de Mickey n’a jamais semblé capable de réaliser un succès au box office depuis Pirates des Caraïbes. Ainsi, Bob Iger semble avoir trouvé une astuce pour régner sans partage sur Hollywood et d’après le programme annoncé, compte bien utiliser sa poule aux œufs d’or jusqu’à épuiser son stock de classiques d’animations.
Petite lueur d’espoir tout de même, la récente annonce de Halle Baley pour tenir le rôle d’Ariel dans le remake de La Petite Sirène, qui n’est pas vraiment le portrait craché du personnage de 1989, ou la bande annonce de l’adaptation de Mulan semblent présager que nous n’aurons pas systématiquement droit à des adaptations copiées/collées des œuvres originales. Ouf.
Pour terminer, on peut pousser cette réflexion et se questionner sur l’état actuel du cinéma. Regardons le box-office mondial en 2019 (> ici <), sur les dix plus grands succès, six films sont des productions Disney. Au delà de cette insolente domination, on remarque également la prise de risque quasi-inexistante puisque parmi ces six films, trois sont des suites et deux sont des remakes live-action. Cela peut s’expliquer par la nostalgie populaire ambiante, par un Hollywood toujours plus craintif de ne pas rentabiliser ses productions et par un public de moins en moins exigeant. Mais cela révèle aussi l’incapacité du cinéma mondial à proposer de nouvelles choses, à surprendre, à aller au delà de ce que le public attend, à prendre des risques. Les scénarios originaux se comptent sur les doigts d’une main ; dorénavant, tout n’est que suites, reboots, remakes ou adaptations. Mieux vaut se tourner vers la littérature et les jeux-vidéos pour avoir de la nouveauté.
Et malheureusement, vu le succès assez hallucinant du Roi Lion, et son accueil critique tonitruant, ça n’est pas prêt de changer.
Informations
Le Roi Lion de Jon Favreau (Iron man, #Chef, Le Livre de la jungle) avec Rayane Bensetti, Anne Sila, Jean Reno – sorti le 17 juillet 2019