Coincé à un repas de famille qui lui donne des envies de meurtre, Adrien attend. Il attend que Sonia réponde à son sms et mette fin à la « pause » qu’elle lui fait subir depuis un mois. Et voilà que Ludo, son futur beau-frère, lui demande de faire un « petit » discours pour le mariage ! Adrien panique. Mais si ce discours était finalement la meilleure chose qui puisse lui arriver ?
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« Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie. »
Qui n’a jamais paniqué confronté·e à cette demande ? Mille raisons sont bonnes pour tenter d’y échapper. C’est ainsi que démarre le long supplice d’Adrien, forcé de monter sur scène pendant le mariage de sa sœur avec qui il ne partage plus grand chose, et de son beau-frère qu’il méprise autant qu’il jalouse.
Adrien est une sorte de monsieur tout-le-monde. Il n’est pas spécialement drôle, ni spécialement intelligent, ni même particulièrement charismatique ; sa seule particularité est d’être interprété par le génial Benjamin Lavernhe de la Comédie Française (que nous avions découvert et adoré dans Mon inconnue en 2019). Il transporte son personnage dans une sorte de désabus permanent, où chaque situation le rend aux yeux des spectateur·rices un peu plus comme…nous, finalement. Adrien est clairement un personnage étouffé par la pression sociale, pour qui les repas de famille sont des longues mises à l’épreuve, qui l’obligent à tricher, à non-dire, à mentir, et au final qui l’empêchent de profiter de ses proches. Il n’y a qu’une chose qui rempli de bonheur la vie d’Adrien : Sonia, sa petite amie ; enfin, son ex-petite amie. Laurent Tirard ne souhaitait que Benjamin Lavernhe pour interpréter ce personnage, on ne peut que lui donner raison tant le film semble lui-être taillé sur-mesure.
Le reste du casting est tout aussi juste, chacun·e trouve sa place pour former cette famille plus vraie que nature. Aucun·e n’est particulièrement désagréable, tous·tes sont empli·es d’une vraie sympathie, mais qu’on ne perçoit pas immédiatement à travers le prisme du héros.
Ce qui me fait particulièrement aimé Le Discours, c’est sa réalisation novatrice. Quel bonheur ! La narration est contée par Adrien qui s’adresse littéralement à nous, n’hésitant pas quelques fois à carrément mettre le film sur pause pour nous expliquer sa pensée. Le récit est également entrecoupé de scènettes, tantôt fantasmées, tantôt souvenues par le héros, qui viennent apportées un vrai rythme à l’œuvre.
Ce film est aussi un bijou d’inventivité, certains plans sont très audacieux pour un film de ce genre et rappellent que la comédie française est aussi capable du meilleur. Toutes les ambiances et les décors, d’une richesse géniale, raisonnent en symbiose et forment une harmonie très agréable, qui donne l’impression d’assister à une pièce de théatre XXL.
Le Discours de Laurent Tirard est possiblement un des films les plus intelligents qu’il m’aura été permis de voir cette année. Je n’exagère pas. J’ai très envie de lire la BD de Fabrice Caro pour peut-être, encore plus aimer l’adaptation cinématographique.
Informations
Le Discours de Laurent Tirard avec Benjamin Lavernhe, Sara Giraudeau, Kyan Khojandi et Julia Piaton – sorti le 9 juin 2021
