Synopsis
Le premier livre du journaliste Hugo Clément. Un manifeste et un guide pratique destiné à tous, aux végétariens qui veulent convaincre, mais aussi aux carnivores qui se posent des questions.
__Babelio__
Mon avis : 8/10
Avant de commencer, il y a 2 choses que je dois préciser. La première c’est que j’apprécie beaucoup Hugo Clément. Surtout depuis qu’il a rejoins l’équipe de Konbini ; A mes yeux, il a inventé une nouvelle façon de faire du journalisme (plus jeune, plus moderne, plus accessible). La seconde c’est qu’avant de lire ce livre, je commençais déjà à me poser pas mal de questions sur mon régime alimentaire. Je savais que ce témoignage allait faire évoluer mon point de vue, mais j’ignorais qu’il allait me bouleverser à ce point.
Au fur et à mesure que ma lecture avançait, je remettais en cause mes habitudes. Jusqu’à franchir le pas et arrêter totalement de manger de la viande. Même si c’est probablement le but dans la démarche d’Hugo Clément, c’est le premier bon point que je donne à ce livre : il ne cherche pas à faire culpabiliser. Il n’essaye pas de dire “vous mangez des animaux, vous êtes vilains”, mais plutôt “soyez conscients de ce qu’est le vrai visage de l’industrie de la viande animale” ; libre à nous de vivre, ou pas, avec cette réalité. C’est d’ailleurs ce qu’il précise au départ “Il serait injuste de reprocher à des individus une pratique mondialisée qui est le fruit de plusieurs siècles de traditions et, souvent, de nécessité. […] Je vais donc tenter d’éviter cet écueil, en exposant ici les raisons qui m’ont poussé à devenir végétarien“. Il ne fait rien de plus que de partager son expérience et ses recherches qui ont agit sur lui comme une série d’électrochocs qu’il ne pouvait plus ignorer.
Et nous arrivons à un second bon point : le livre n’oublie rien. Il aborde tous les sujets : l’intelligence méconnue des animaux, les conditions morbides dans les abattoirs et dans la majeure partie des élevages, l’incroyable impact écologique, les idées reçues concernant “l’importance” d’un régime carnivore…etc.
Personnellement, pour y avoir passé plusieurs heures de ma vie, je connaissais la réalité des abattoirs. Le livre s’y arrête longuement et a conforté mon avis sur le sujet : ce sont des lieux de mort absolument glauques (je vous souhaite de ne jamais y mettre les pieds).
Mais j’ignorais absolument tout le reste. J’ignorais qu’un porc était aussi intelligent qu’un chien, que les poules étaient capables d’avoir des interactions sociales, que les poissons n’ont pas une mémoire limitée à une poignée de secondes et souffrent comme tous les mammifères (le régime pesco-végétarien est assez incohérent du coup), que l’industrie de l’élevage est aussi impactant écologiquement que l’industrie du transport, qu’elle consomme à elle seule 70% de la surface agricole mondiale, que la production d’une seule tranche de jambon revient à tirer 25 fois sa chasse d’eau. Mais ce qui m’a le plus interpellé, c’est apprendre que malgré mes efforts pour acheter de la viande bio ou provenant d’animaux ayant vécus dignement, ils finissaient tous dans la même chaîne d’abattage. “Le label bio garantissant des conditions d’élevage légèrement plus agréables, la plupart des gens pensent que c’est également le cas pour l’abattage. Il n’en est rien“ . Après ça, je ne pouvais plus avoir la conscience tranquille. Et encore une fois, Hugo Clément n’a pas cherché à me culpabiliser, il a simplement énoncé des faits et des chiffres sans y porter de jugement.
Et justement, l’honnêteté de l’auteur est aussi un bon point. Il l’avoue, il aime la viande. Le livre s’ouvre même par “J’adore la viande” ; pour quelqu’un qui parle de végétarisme c’est assez cocasse, mais ça a le mérite d’être très honnête. Car on peut être végétarien et pour autant aimer la viande. Il n’est pas forcément question de goût, mais de convictions. Je connais certains végétariens qui deviennent soudainement “allergiques” à la viande ; je trouve cela grotesque, nous n’avons pas à avoir honte d’avoir manger de la viande dans une société carnivore (et puis, entre nous, l’odeur du barbecue reste délicieuse). Mais il contrebalance en précisant tous les bienfaits qu’un régime végétarien a eu sur son organisme. Et contrairement à des siècles de clichés, il y en a des tas. Tout le monde pense qu’un végétarien doit se gaver de compléments alimentaires pour rester en bonne santé. C’est faux. (Cette partie du livre est un petit peu moins objective). Et l’athlète que je suis était plutôt réjouis d’apprendre que Carl Lewis est devenu végétalien au cours de sa carrière.
Autre bon point : la démarche journalistique. Hugo Clément est journaliste, cela se sent. Chaque propos est vérifié par une source au minimum ou validé par au moins un spécialiste. Tout son récit s’appuie sur des extraits de livres, d’articles, de témoignages ou d’entretiens avec des personnes concernées par le sujet. Ainsi, le livre a un véritable sens et ne se limite pas un témoignage qui aurait été moins passionnant et impactant.
En somme, ce livre est fait pour tous ceux qui se posent des questions, qui n’osent peut-être pas franchir le pas, qui hésitent, qui ont besoin d’être rassurer, qui se disent que finalement ça n’est pas si grave… (j’étais dans pas mal de ces catégories).
Je pourrais lui trouver 2 ou 3 défauts. Par exemple, l’auteur raconte que c’est totalement faisable de tenir un régime végétarien sans pour autant préparer tous ses repas, autrement dit, réussir à manger à l’extérieur. Alors à Paris ou dans des grandes villes c’est sans doute facile de trouver un restaurant vegan, mais pour moi qui habite dans une ville moyenne de Bretagne, avec quasiment que des boulangeries et des kebabs, je peux vous dire que ma pause dej’ n’est pas du tout simple.
Mais à part ça, ce livre fait du bien ; c’est un petit peu le copain qui nous tape sur l’épaule pour nous rassurer avant de sauter à l’élastique. Il contredit toutes les fausses vérités qu’on peut entendre quotidiennement, influencées par des années de lobbies commerciaux qui souhaitent que l’on consomme toujours un peu plus. Et justement, en parlant de lobbies commerciaux, la fin est une merveille. Je ne vous gâche pas la surprise mais en comprenant ce que Hugo Clément narrait, je me suis mis à rêver. A avoir dans sa bibliothèque, et surtout, à partager au maximum dans celles de ses proches.
Citations
- “Vous feriez ça à votre chien ?”
- “Quand quelqu’un me dit qu’il aime les animaux parce-que ce sont des êtres sensibles mais qu’il commet sur eux des abus, je lui réponds que je suis bien content qu’il ne m’aime pas.”
Informations
Comment j’ai arrêté de manger les animaux ? de Hugo Clément chez Seuil (21/02/2019) – Grand Format : 14.90 € – 192 pages