Suite des aventures de Diana Prince, alias Wonder Woman, Amazone devenue une super-héroïne dans notre monde. Après la Première guerre mondiale, direction les années 80 ! Cette fois, Wonder Woman doit affronter deux nouveaux ennemis, particulièrement redoutables : Max Lord et Cheetah.
_Allociné.
Après une formidable introduction sortie en 2017, Wonder Woman revient dans une suite que j’attendais beaucoup dès la sortie de la première bande annonce. Vous devez commencer à connaître ma passion pour les années 80, et ce teaser était un parfait concentré de ce que j’aime : la couleur, l’ambiance, la musique. Tout semblait réuni pour passer un super moment.
Au moment où le film est enfin disponible dans un format physique déroutant (ouvrez les salles bon sang !), j’ai déjà eu écho d’avis plus que mitigés à l’égard du long métrage de Patty Jenkins, qu’importe, je veux l’aimer ! Mais après l’interminable visionnage, je suis obligé d’admettre la vérité : Wonder Woman 1984 n’est pas bon. Les points positifs se comptent sur les doigts d’une main, débutons par eux. Pedro Pascal, aux antipodes de sa prestation dans The Mandalorian est excellent, aussi terrifiant que drôle, la folie de son personnage semble sans limite (certains disent que l’acteur est en roue libre, je n’ai pas trouvé ça très perturbant, en tout cas ça fonctionne). L’alchimie entre Gal Gadot et Chris Pine fait à nouveau des merveilles et s’avère être le seul aspect émotionnel efficace ; Gal Gadot justement, s’amuse toujours autant dans ce rôle taillée pour elle, quelque soit l’approche qu’elle en fait, elle est plus que convaincante. Le casting en général est très bien, puisque Kristen Wiig est également à saluer. Enfin, la caméra de Patty Jenkins est toujours aussi réjouissante dans sa manière de filmer l’actrice principale (très loin des plans douteux de Justice League 2017).
Je l’ai dit plus tôt, le film est trop long. 2h31 pour un film au scénario si maigre, c’est beaucoup trop. Une grosse demi-heure aurait largement pu être effacée pour condenser l’histoire et éviter des baisses de rythme. La nouvelle équipe de scénaristes (dont la réalisatrice) va dans tous les sens, au lieu de se concentrer sur un élément et le développer avec justesse. La première partie tient encore la route, avant de vriller dans une écriture too much, bancale, décousue et remplie de facilités, voir de quelques incohérences ; et contrairement à Wonder Woman, les messages véhiculés sont grossiers et assez pathos.
Malheureusement pour lui, le scénario n’est même pas rattrapé par la créativité artistique et la réalisation. J’ai constamment eu la désagréable impression d’assister à une œuvre bridée par un limiteur d’ambition et de fun. Les années 80 sont une source quasi infinie d’imaginaires collectifs, de souvenirs et d’émotions que le film utilisent trop peu ; contrairement à ce que la campagne promotionnelle laissait légitimement présager, le film ne dégueule pas de couleurs (ils nous refont le coup de Suicide Squad). Seuls les décors sont riches et de qualité (et sous la direction d’une française : Aline Bonetto, cocorico !). La volonté de proposer un film décomplexé enlève tout impact et enjeux aux quelques scènes d’actions, Wonder Woman ne dégage aucune puissance physique et ne semble jamais vraiment en danger. Si Patty Jenkins s’émancipe de l’influence visuelle de Zack Snyder omniprésente au début du DCEU, elle ne propose rien d’autre en échange ; le résultat s’avère ainsi plutôt plat et ne compte plus aucune iconographie de ses personnages, ni de scènes marquantes (comme le No Man’s Land de Wonder Woman). Pire, le film est plombé par des trucages numériques catastrophiques, dignes de la série Supergirl, au budget largement moindre((Wikipedia, Wonder Woman 1984))((u/PopCultureNerd, [No Spoiler] What is Supergirl’s new budget?, 14/10/2016 – Reddit)). (D’ailleurs, si quelqu’un comprend la logique physique du lasso, n’hésitez pas à me l’expliquer parce-que je suis un peu largué).
Quant à la bande originale, Hans Zimmer livre une partition soignée, mais pas transcendante non plus (oubliez les sonorités 80’s des bandes annonces ????), malheureusement pas mise en valeur par le montage final, constamment noyée par un mixage sonore hasardeux.
C’est donc dans une frustration certaine que le film m’a laissé, puisque Wonder Woman 1984 est un beau ratage qui ne tient pas ses promesses et qui donne vraiment l’impression d’assister à une projection test : faiblesses de rythme, montage décousu, trucages numériques pas aboutis, et non pas à une œuvre prête à être diffusée. Peut-être tout de même qu’une séance dans les conditions idéales d’une salle obscure m’aurait permis de mieux profiter de ce blockbuster taillé pour le grand écran.
Espérons que le désormais officiel Wonder Woman 3((Vincent Formica, Wonder Woman 3 : Gal Gadot et Patty Jenkins de retour devant et derrière la caméra, 28/12/2020 – Allociné)) puisse rattraper cet accident créatif. Pour info, nous pourrons retrouver le duo Gal Gadot/Patty Jenkins avant, dans le mystérieux Cleopatra, prévu l’année prochaine.
Informations
Wonder Woman 1984 de Patty Jenkins avec Gal Gadot, Chris Pine, et Kristen Wiig – sorti le … 2021