
En 1714, Addie, une artiste, scelle un pacte avec le diable. En échange de l’immortalité, personne ne se souvient de son nom ou de son visage. Dans une vie jalonnée de rencontres éphémères, elle parcourt les siècles et les continents. Trois cents ans plus tard, dans une librairie new-yorkaise, le libraire la reconnaît. Addie cherche l’explication de ce miracle, mais un démon la poursuit.
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J’avais hâte de lire ce roman, et pourtant quand je l’ai enfin eu entre les mains j’ai été saisie d’une certaine appréhension. Il faut dire que ses 700 pages impressionnent. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ce sentiment face à un gros bouquin, mais là ça se baladait dans mon ventre, ça me chuchotait à l’oreille « Tu vas vraiment réussir à lire cette énorme livre ? ». La réponse est bien évidemment : Oui ! Et finalement même, cette lecture n’a pas été difficile, chaque phrase lue était un réel plaisir et à l’approche de la fin, je ne voulais pas quitter Henri et Addie.
Dès le début, j’ai aimé l’écriture/la traduction. Les mots sonnaient d’une façon agréable à mon oreille, j’avais envie de tourner les pages pour découvrir Addie. Son histoire est un mix entre un conte de fées et un cauchemar. Sa vie est une succession de moments magiques, suivis d’oubli et de tristesse. Ce roman met en perspective l’importance de la mémoire, il démontre que sans elle nous ne serions que des inconnu·e·s vivant une solitude perpétuelle. Notre mémoire nous permet de créer des liens, et ces liens définissent qui nous sommes. Malheureusement Addie n’a pu en créer qu’avec une seule personne : son bourreau, et ce lien vacille entre haine et amour, puisqu’elle n’a que lui et n’a jamais connu rien d’autre. Cette relation toxique est au cœur du roman et m’a parfois mise mal à l’aise.
Pourtant cette toxicité permet à notre héroïne de s’attacher plus intensément à Henry et de découvrir avec lui ce que signifie réellement le mot « amour ». Addie est une de ces héroïnes de l’ombre, de celles qui marquent les esprits pour toujours.
Au départ, je préférais les parties se déroulant en 2014, car je voulais savoir ce qu’Addie et Henry allaient devenir. Mais au fil de ma lecture, le passé d’Addie est devenu aussi important que son présent pour comprendre qui elle est, mais également pour comprendre l’ouvrage que j’avais entre les mains.
Déjà-vu. Déjà entendu. Déjà vécu.
La fin de ce livre m’a attristé, mais m’a aussi éblouie. En allant rechercher les citations après la lecture, c’est comme si le livre prenait une autre contenance, que je comprenais enfin la façon dont il avait été écrit ; j’ai trouvé ça très beau et introspectif. J’avais l’impression de tenir entre les mains un trésor : le cadeau d’Henri pour Addie.
Vous l’aurez compris, j’ai eu un véritable coup de cœur pour ce roman. L’autrice a écrit une histoire touchante et hors du temps. Addie Larue fait partie maintenant de mes héroïnes littéraires favorites, et son histoire restera longtemps dans mon esprit.
Citations
- Est-on autre chose que les traces qu’on laisse derrière soi ?
- La lecture, comme elle l’a découvert, permet de vivre un millier de vies – ou de trouver la force d’en vivre une seule, incroyablement longue.
- L’ivresse de la nuit ne vaut pas la douleur du lendemain.
- Bien sûr, oublier, c’est triste. Mais être oublié, c’est être abandonné à soi-même. Et être la seule à se souvenir, c’est du pareil au même.
- Tous ces Je…, Mon…, Ma…, Mes… Des mots possessifs pour des vies possessives. Quel luxe de pouvoir raconter son histoire, d’être lu et de rester dans les mémoires !
- Malgré la crasse, le chagrin et la déception, Paris était une ville pleine de surprises. La beauté jaillissait à travers les fissures.
- Après la passion vient l’indolence.
- Il est plein de racines quand elle n’a que des branches.
- Son cœur est fêlé. Il laisse entrer la lumière. Il laisse entrer les tempêtes. Il laisse tout entrer.
- En voulant vivre, apprendre et vous trouver, vous vous êtes perdu.
- Les idées sont plus tenaces que les souvenirs.
- J’aime l’idée d’être une idée. _Addie
- On dirait une tasse cassée qui se recolle : les morceaux s’assemblent parfaitement – mais qui voudrait d’une tasse recollée ?
Informations
La Vie Invisible d’Addie Larue de V.E.Schwab aux éditions Lumen (03/06/2021) – 17€ – 704 pages – USA.