Kaamelott fourmille de références philosophiques : les définitions du pouvoir d’Arthur et Léodagan rappellent les modèles de contrat social de Rousseau et de Hobbes, la Dame du Lac interroge l’existence de Dieu à la Descartes… Quant à Perceval, sa conception bien à lui du monde qui l’entoure n’est pas sans rappeler les réflexions sur l’absurde d’Albert Camus. Sans compter les références philosophiques qui habitent tous les autres personnages loufoques de cet univers que nous adorons depuis leur apparition il y a une dizaine d’années.
_Librairies indépendantes.
J’ai longtemps préjugé la philosophie comme barbante, inintéressante, voir même dépassée ; la faute à une initiation laborieuse au lycée. C’est tout récemment que je m’y suis très modestement ré-intéressé, sans vraiment savoir par où commencer. J’ai alors découvert par hasard le livre de Gwendal Fossois qui promettait de “découvrir l’univers philosophique de Kaamelott“. Si vous avez lu les Récapitos sur le sujet, vous connaissez ma passion pour l’œuvre d’Alexandre Astier, difficile donc de ne pas saisir l’opportunité de philosopher sur la richesse de cette série.
Le premier point positif du livre est que l’auteur est un vrai connaisseur de Kaamelott. Le quatrième de couverture ne mentait pas, Gwendal Fossois maîtrise parfaitement le sujet et évite des approximations dommageables qui rendraient la lecture beaucoup moins agréable. Ainsi il apporte une expertise nouvelle sur la série et ses personnages, qui change des habituelles (mais néanmoins pertinents) avis de sériephiles qui vont d’avantage s’attarder sur la réalisation, l’évolution du format, ou encore la dramaturgie progressive du scénario. De cette manière on apprendra que par exemple Perceval n’est finalement pas si benêt qu’il n’y parait, ou que Kadoc est probablement le personnage le plus libre de toute la série.
Ensuite, on fait vraiment de la philosophie. L’auteur ne fait pas semblant. Il relate les principaux questionnement traités par les penseurs depuis l’Antiquité. On parle ainsi de liberté, de libre arbitre, de morale, de politique ou d’humour, à travers les pensées d’Aristote, Descartes, Kant, Rousseau ou encore Platon. Sa méthode prend souvent la même forme : le traitement d’un personnage ou d’une caractéristique de la série, puis l’explication de la notion qui y est liée. C’est sur cette partie que j’ai un peu plus de réserves ; si l’étude de Kaamelott est très accessible et plaisante à lire, notamment grâce à l’utilisation régulière de répliques qui prêtent évidemment à quelques sourires, l’approfondissement des notions purement philosophique l’est nettement moins. La plume devient alors plus élaborée et le vocabulaire plus soutenu, si bien que j’ai du parfois m’y reprendre à deux ou trois fois pour comprendre le message de l’auteur. Ce n’est pas tant la richesse du langage qui m’a perturbé, mais plutôt cette soudaine différence entre les deux parties.
Néanmoins, ce livre est une initiation formidable pour découvrir les notions de philosophie, sans les dénaturer ou les travestir derrière un habillage pop culture hasardeux, je vous le conseille largement.
Informations
La Philosophie Selon Kaamelott, de Gwendal Fossois chez Les Éditions de l’Opportun (01/10/2020) – 12,90€ – 144 pages – France