Dans le Hollywood de l’après-Deuxième Guerre mondiale, un groupe de jeunes acteurs et cinéastes pleins d’ambition ne recule devant rien pour percer dans le showbiz.
__allociné.
En écrivant le Récapito du mois de juin, je devais parler d’Hollywood de Ryan Murphy et Ian Brennan. J’ai vraiment adoré cette série alors un paragraphe de quelques lignes ne suffisait pas, elle brille par son intelligence, par ses acteurs incroyables et son importante. Et les choses importantes doivent être mises en avant et choyées.
Hollywood aura été au centre de toutes les attentions ces derniers mois/années, à cause des scandales qui nous montrent à quel point cette industrie est pourrie de l’intérieur. Ou grâce à quelques déclarations d’amour comme l’a été Once Upon a Time in… Hollywood.
Alors faut-il aimer ou détester Hollywood ?
Je trouve que Ryan Murphy et Ian Brennan répondent à merveille à cette question dans cette série qu’il ont nommé sans fioriture Hollywood. Nous sommes dans les années 40-50 d’après guerre, l’âge d’or d’Hollywood, et tout le monde veut oublier cette sale période, s’amuser, et rêver. Quoi de mieux que le cinéma pour ça ?
Mais le coup de génie des créateurs est le changement de voix qu’il donne à leur récit. Ici l’Histoire est réécrite, ces sept épisodes nous proposent une nouvelle version de cet âge d’or. Un Hollywood en faveur de la diversité, inclusif et féministe, un Hollywood rêvé. Mais pour en arriver à ce rêve il a fallut partir de loin, montrer les limites et les défauts de cette industrie et en même temps démontrer leur amour inconditionné pour le cinéma.
Pour que leur univers fonctionne, les showrunners ont utilisé à la fois des personnages inspirés, des réels et des fictifs. Les personnages fictif sont Jack un vétéran de la guerre qui souhaite devenir acteur, Camille une actrice noire, Archie un scénariste noir et gay, et Raymond un réalisateur métis d’origine asiatique. Ce petit groupe se retrouve autour d’un projet commun, réaliser leur film : Meg, qui évoque la vie d’une actrice de cinéma noire et son amour interracial. Ces protagonistes fictifs ont tous pour but de mettre en lumière les problèmes d’Hollywood et leurs résolutions.
Avec Jack, c’est la prostitution dans le milieu des stars qui est abordé et le fait que celle-ci puisse aider une carrière. Son patron, Ernie est d’ailleurs inspiré de Scotty Bowers, un célèbre proxénète de l’époque, qui a lui aussi eu une station service pour cacher son business. Camille est une actrice mais ne joue que des rôles de servantes à cause de sa couleur de peau, elle souhaite enfin décrocher un premier rôle et devenir une vraie star. Archie lui écrit des scénarios mettant en scène des blancs et des amours hétérosexuels, par peur d’exprimer les causes qui lui tiennent à cœur. Raymond fait de la diversité son combat, mais a du mal à se faire entendre des studios.
Chacun de ces personnages fictifs rend hommage à des comédiens ayant exister qu’on retrouve également dans la série. Anna May Wong : une actrice sino-américaine qui a cesser de jouer, car elle ne se voyait proposer que des rôles de femme fatale orientale. Hattie McDaniel, actrice noire qui a joué toute sa vie les servantes, malgré son Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1940 pour Autant en emporte le vent ; et Rock Hudson, acteur gay qui a caché toute sa vie son homosexualité, jusqu’à qu’il meurt du Sida. Son agent Henri Willson est également présent dans la série, un homme connu pour encourager les promotions canapé. Mais l’histoire de ces personnages a été changée, certains se voient offrir quelques teintes d’espoir grâce à l’évolution des personnages fictifs, d’autres ont même une seconde vie, comme pour Rock Hudson.
La mini-série, se conclut sur la cérémonie des Oscar de 1948, le film Meg a rencontré un succès fou et l’équipe attends le verdict. Ce dernier épisode m’a beaucoup ému, j’étais devant mon écran les poings serrés à me dire “Il faut qu’il l’ait, il faut qu’il l’ait” et à chaque annonce des lauréats, je frissonnais, les larmes aux yeux ; certaines ont même un peu coulées. Leurs montés sur scène suivies de leurs discours étaient des moments incroyables ; pendant ces quelques minutes j’avais l’impression de vivre quelques choses d’exceptionnel et de vraiment sublime. Au fond, Meg n’aurait pu remporter aucun Oscar que ce film aurait déjà tout gagné avec son actrice principal afro-américaine, sa seconde actrice chinoise, son réalisateur métis et son scénariste noir et homosexuel. Par le simple fait d’exister, ce film remporte une victoire sur la société de l’époque. Mais en faire les vainqueurs de la soirée, le rend encore plus symbolique, c’est l’acceptation de l’Académie pour leur travail et leurs choix.
Alors faut-il aimer Hollywood ?
Cette série montre la violence d’Hollywood, ses inégalités, son sexisme ; mais si on l’écoute bien, elle nous murmure aussi son amour du cinéma. Jack dans le premier épisode nous dis que le cinéma change la donne, qu’il a eu son premier baisé au cinéma, mais surtout il nous dit “à chaque fois que je passe les portes du cinéma, j’en ressors plus joyeux que lorsque j’y étais entré.” Je ne sais pas pour vous, mais les salles obscures m’ont toujours fasciné et j’y ai toujours vu un échappatoire à la monotonie. Certains films change la donne c’est sur, d’autres non. Hollywood est gangréné par les scandales et les pratiques d’un autre temps, le cinéma est gangréné par son industrie et son envie de gagner toujours plus d’argent, quitte à laisser tomber les films qui changent la donne. Mais comme nous dit Dick dans la série “ça ne me dérange pas de produire des films populaires. Ce qui me dérange c’est de produire des films idiots.”
Cette série est une bouffée d’optimisme, elle nous démontre qu’Hollywood peut changer, que le cinéma peut changer le monde et faire avancer certaines causes. C’est ce qui le rend aussi intéressant et exquis.
Cette série fonctionne également grâce à un super casting. On retrouvera des acteurs chouchous de Ryan Murphy : Darren Criss, Dylan McDermott, Patti LuPone et David Corenswet avec qui il a déjà collaboré. D’autres s’ajoute à la liste comme Laura Harrier et Jeremy Pope. Ce groupe fonctionne à merveille et les comédiens réussissent à se fondre dans la peau de personnes des années 40-50. Bien évidemment il ne faut pas oublier Jim Parsons, étincelant dans son personnage aussi fou qu’effrayant.
On salut régulièrement les dystopies, qui mettent en avant les inégalités, comme The Handmaid’s Tale, mais on parle peu des uchronies positives. Grâce aux sept épisodes d’Hollywood, j’ai pu croire que tout était possible et qu’on pouvait facilement tout faire basculer. Cette série est certes idéaliste, mais elle est également optimiste, au lieu de montrer les problèmes grâce à la violence et en imaginant les pires scénarios, elle créé en nous un vent d’optimisme et de positivité. Elle remplace la peur par l’envie de changer les choses grâce à des personnages courageux et qui ne lâchent rien. Car après tout : Si Hollywood peut faire des dégâts, il doit aussi pouvoir faire le bien.
Citations
- J’aimerais m’adresser à ceux qui nous écoutent. Votre histoire est importante, soyez-en sur, ne laissez pas votre histoire sombrer dans l’oublie, vous êtes importants, votre vie compte aussi, sortez et vivez ce que vous avez à vivre, la tête haute. Racontez votre histoire, parce-que je suis la preuve qu’il y a des gens qui veulent l’entendre. _Archie
- C’est une véritable fierté pour moi d’être la première actrice d’origine chinoise à remporter cette récompense, qui m’a été décernée non pour avoir interpréter une caricature de femme orientale mais pour avoir incarner une vraie femme, une femme complexe avec une âme et des sentiments. _Anna May
- Merci à l’Académie d’avoir fait en sorte que jamais plus aucune petite fille passionnée par le septième art ne soit accusée de rêver trop grand. _Camille
- Toute ma vie j’ai voulu devenir quelqu’un, mais à présent je me rends compte que devenir quelqu’un n’a aucun sens si ce n’est aux yeux de la personne qu’on aime. _Jack
- Peut-être qu’Hollywood a besoin d’une femme pour comprendre qu’il existe d’autres façons de faire du cinéma.
- Si vous voulez que les choses avancent, laissez faire les femmes.
informations
Hollywood créée par Ryan Murphy et Ian Brennan avec David Corenswet, Darren Criss et Laura Harrier – U.S.A – disponible sur Netflix – 7 épisodes d’environ 50 minutes