
Dans ce nouveau film Marvel Studios, l’univers cinématographique Marvel déverrouille et repousse les limites du multivers encore plus loin. Voyagez dans l’inconnu avec Doctor Strange, qui avec l’aide d’anciens et de nouveaux alliés mystiques, traverse les réalités hallucinantes et dangereuses du multivers pour affronter un nouvel adversaire mystérieux.
Captain Watch
C’est bien un film de Sam Raimi ! Son style visuel inimitable est bien présent ; ses gimmicks de montage et de mise en scène, à base de zoom improbables et de fondus au noir offrent une réelle personnalité au long métrage, et après l’impersonnel No Way Home c’est très agréable de voir une œuvre avec du caractère et une ambiance plus impactante. Le travail de la caméra et de la mise en scène est très soigné, et une fois n’est pas coutume, les trucages numériques sont moins moches que d’habitude.
Le réalisateur est également un maître de l’horreur cinématographique qui apporte à Doctor Strange 2 une certaine ambiance horrifique, presque gore, vraiment bienvenue. Néanmoins, l’ensemble paraît bridé, comme si Sam Raimi ne pouvait pas aller aussi loin qu’il le souhaitait, pour ne pas risquer d’avoir une classification trop contraignante assurément. En tout cas, qu’on se rassure, Raimi n’a pas été broyé par une production trop présente, ça fait du bien.
Si le scénario se laisse suivre non sans plaisir, il n’est qu’un maigre prétexte pour s’amuser dans le multivers. Laissant planer quelques mystères, voir quelques trous scénaristiques (qui est America par exemple ?), le film rate ainsi l’occasion de développer plus en détail la psychologie des personnages : les dilemmes de Strange, sa place auprès de Wong, son devoir…etc. Heureusement, Cumberbatch s’amuse véritablement et endosse le rôle du sorcier à la perfection.
Malheureusement c’est Wanda qui pâtit la plus de ce manque de profondeur. Encore plus avec ce film elle reste un personnage fascinant, dont la puissance n’a d’égal que sa détresse psychologique depuis le drame d’Infinity War. Elle campe ici une antagoniste vraiment surprenante, terrifiante aussi, mais comme dans WandaVision, elle trouve un dénouement téléphoné et artificiel : elle sacrifie son rêve pour mettre fin aux catastrophes qu’elle a elle-même créées, et n’a à assumer aucune conséquence de ses actes.

En sortant de la salle, je me suis surpris à ne pas être aussi emballé que je l’aurais imaginé. Une seule question tournait en boucle dans ma tête : après vingt-huit films et six séries où va le Marvel Cinematic Universe ? Cet univers interconnecté devient trop dense, et l’indispensable visionnage d’une série sur une plateforme SVOD payante pour s’assurer la compréhension d’un film d’une autre licence me pose un réel souci. Jusqu’ici on pouvait toujours raccrocher les wagons au début d’un film et accepter de perdre quelques références par-ci par-là, mais avec Doctor Strange 2, on perd carrément les motivations de la méchante ; c’est quand même problématique. (C’est complètement comme s’il avait fallu regarder Thanos Origins pour comprendre Avengers 3 et 4. Cette série n’existe pas. Calmez-vous.)
L’univers devient trop dense aussi car les concepts abordés paraissent incohérents. C’est la quatrième fois que l’on croise le multivers – la première fois dans Loki, la seconde fois dans What if …? et la troisième dans Spider-man No Way Home – et pourtant, je n’ai pas encore bien compris comment il marche. Pire, il semble ne jamais être soumis aux mêmes règles. Cette grande fresque paraît manquer d’un fil conducteur assez clair pour ne pas lasser.
Et enfin, c’est trop dense car qui a encore envie de suivre la suite des aventures de Falcon et du Soldat de l’hiver ? Alors qu’il y a le multivers, des Célèstes et que la Terre est littéralement un œuf dans les Eternels (d’ailleurs le film n’est jamais cité alors que bon…), des créatures magiques cachées au cœur de la montagne chinoise de Shang-Chi, et des divinités Egyptiennes dans Moonknight. Désolé, mais ça commence à faire vraiment beaucoup.
Je crains qu’on perde l’aspect feuilletonnant de cette saga, et que comme dans l’immense confusion que sont les comics, on soit contraint de devoir sélectionner quels arcs on préfère suivre…
Et dire qu’on retourne dans la mythologie nordique cet été (dont la bande annonce m’a moyennement emballé. Désolé.)
Informations
Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi avec Benedict Cumbertbatch, Elizabeth Olsen, Benedict Wong, Xochiti Gomez et Rachel McAdams – sorti le 4 mai 2022