« Nous n’avons rien trouvé que vous pourrez vendre. Nous n’avons rien trouvé d’utile. Nous n’avons trouvé aucune planète qu’on puisse coloniser facilement ou sans dilemme moral, si c’est un but important. Nous n’avons rien satisfait que la curiosité, rien gagné que du savoir. »
Un groupe de quatre astronautes partis explorer des planètes susceptibles d’abriter la vie : hommes et femmes, trans, asexuels, fragiles, déterminés, ouverts et humains, ils représentent la Terre dans sa complexité.
L’Atalante
Il est rare de me voir lire de la science-fiction qui n’a pas pour héros de jeunes adultes. On sait toustes que le Young Adult c’est ma came. Mais on m’a tendu cette novella en me disant “je suis sûr que ça va te plaire”, alors évidemment j’ai dit oui ! Je ne suis pas peu fière d’être une Yes Girl, car ce livre est une étoile filante, une pépite, un vrai trésor !
Je n’avais jamais lu de SF positive et ça change tout… Cette histoire est construite comme le rapport d’une mission spatiale, c’est un récit simple qui suit quatre individus lors de leur périple sur 4 planètes. Le résumé nous parle d’individus de différents genres et sexualité, mais cette information n’est pas au centre de l’histoire et j’ai apprécié ce traitement. D’autant plus que ces quatre personnes forment un quatuor incroyablement touchant, iels ont chacun·es leur place dans l’équipage et ensemble iels ne font qu’un face à l’univers qui les entoure.
J’ai aimé que le livre soit découpé par rapport aux planètes qu’iels visitaient. A chaque réveil, l’équipage se redécouvre avec quelques années de plus liées aux voyages, mais également avec des transformations corporelles adaptées à la planète sur laquelle iels sont. J’aime l’idée que ce soit aux êtres humains de s’adapter et non aux aliens et aux planètes. Ce livre c’est un voyage spatial éthique, une façon de faire dans laquelle le plus important est de protéger, de remettre en place les cailloux qu’on a retournés pour avoir le moins d’impact possible.
J’ai trouvé ma lecture très didactique, j’ai appris des tonnes de choses et j’ai apprécié le fait que l’autrice s’entoure de scientifiques pour étayer ses propos. Certes, il reste toujours une part d’imaginaire, mais elle se sert de faits potentiellement probables pour écrire un récit plus vrai que nature.
Lors des missions, l’équipage fait des découvertes, mais est également confronté à des problématiques morales et des questionnements sur l’objectif de leur voyage, et de la conquête spatiale en général. Des interrogations légitimes quand on voit l’état de notre planète aujourd’hui : le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pauvreté, la guerre… Une multitude d’éléments qui font que nous tourner vers les étoiles n’est peut-être pas la chose la plus cohérente actuellement, d’autant plus si le but de la découverte spatiale est : la conquête, l’argent et la gloire.
J’aimerais pouvoir vivre dans ce monde où la science et le savoir guideraient notre monde. C’est une utopie qui a été agréable à lire, et même au pied du mur, l’équipage fait toujours le meilleur choix, le choix de la raison, de l’éthique, pas spécifiquement le meilleur choix pour elleux, mais le meilleur pour l’univers. Je ne saurai en dire plus à part de vous conseiller de lire cette novella, elle mettra une bonne dose d’espoir et de bienveillance dans votre monde, des sentiments importants en ce moment.
Citations
- Comment penser aux étoiles quand les océans débordent ? Comment s’intéresser aux écosystèmes aliens quand la chaleur rend les villes inhabitables ? Comment échanger carburant, métal et idées quand sur toutes les cartes les lignes sont mouvantes ? Comment se préoccuper des autres planètes quand des drames se jouent sur celle où on est coincé, quand la santé et la sécurité ne sont plus assurées ?
- Tous les mots dont je dispose ont une caractéristique terrienne comme référence, et Mirabilis refusait d’entrer dans les cases.
- Nous aurions dû nous méfier. Quand on étudie l’univers, on le sait bien : on n’échappe pas à l’entropie.
- Mais nous ne migrons pas, nous visitons. Nous ne sommes pas en quête de nourriture ou d’un nouveau territoire. Nous sommes venus parce que nous en avions envie. Nous retournons des rochers par pure curiosité.
- J’entendais toujours mon souffle, mais plus faiblement, et j’entendais aussi leurs souffles et leurs cœurs, ils me serraient contre eux, nous étions tous blottis les uns contre les autres, nous flottions au milieu de la salle, sans début ni fin.
- C‘est un paradoxe, cette impossibilité de recouvrer ce qui était, alors qu’on occupe un corps entièrement composé de reliques du passé.
- Nous n’avons rien trouvé que vous pourrez vendre. Nous n’avons rien trouvé d’utile. Nous n’avons trouvé aucune planète qu’on puisse coloniser facilement ou sans dilemme moral, si c’est un objectif important. Nous n’avons rien satisfait que la curiosité, rien gagné que du savoir.
Informations
Apprendre, si par bonheur de Becky Chambers traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Surgers aux éditions L’Atalante – 20/08/2020 – 137 pages – 12,90€ – Etats-Unis