1786. Le jour où son petit frère disparaît, Alma part sur ses traces, loin de sa famille et de la vallée d’Afrique qui les protégeait du reste du monde. Au même moment, dans le port de Lisbonne, Joseph Mars se glisse clandestinement à bord d’un navire de traite, La Douce Amélie. Il est à la recherche d’un immense trésor. Dans le tourbillon de l’Atlantique, entre l’Afrique, l’Europe et les Caraïbes, leurs quêtes et leurs destins les mènent irrésistiblement l’un vers l’autre
_Gallimard.
Ce livre est le premier tome d’une trilogie qui aborde l’esclavage au XVIe siècle. Je lis rarement des oeuvres historiques, je préfère la littérature de l’imaginaire, la science-fiction, le surnaturel, les dystopies ; j’ai tendance à préférer m’éloigner de ma réalité pour trouver et découvrir d’autres lieux, mondes et histoires. Pourtant, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, en plus d’avoir une portée historique, Alma : Le Vent Se Lève aborde une partie sombre de notre histoire, d’une façon incroyablement simple, sans fioriture, sans aucune extravagance. Nous découvrons ce monde grâce aux yeux de trois jeunes protagonistes qui ont encore en eux cette innocence qu’ont les enfants.
Alma a 13 ans, elle vit cachée du monde dans une vallée luxuriante inaccessible des Hommes, entourée de sa famille et des animaux. Elle n’a jamais connu autre chose, et passe ses journées à raconter des histoires d’aventures à son petit frère Lam. Jusqu’au jour où ces histoires deviennent réalité. En quête de découverte, ce dernier s’est enfui de la vallée durant les fortes pluies, accompagné de Brouillard, le drôle de zèbre sans rayure. Alma n’a pas d’autre choix que de partir à sa recherche sans savoir qu’elle ne reverra plus jamais sa vallée. Ce qui donne une dimension dramatique à l’histoire d’Alma, c’est le fait qu’en tant que lecteur nous en savons beaucoup plus qu’elle. Elle pense être partie à la poursuite de son frère, elle pense que sa mère, son père et Soum son second frère, sont toujours dans la vallée, mais la réalité est tout autre.
Joseph Mars est un garçon orphelin de 14 ans, à la recherche d’un trésor et qui embarque sur La douce Amélie pour tenter de trouver ce butin. Il essaie de se concentrer sur le but de sa mission, mais a du mal à détourner les yeux de ce qui se passe sur le navire. Durant les premiers mois, le vaisseau est vide, il est donc plus facile de faire comme si de rien n’était. Puis le bateau se rempli ; femmes, enfants et hommes s’entassent dans la soute, il devient alors plus difficile de garder ses œillères. il découvre l’injustice, puis rencontre Alma.
Amélie est la fille du propriétaire de La douce Amélie, courtisée par le comptable de son père ; elle vit dans une belle maison mais sa situation de femme lui pèse. En tant que telle, elle ne peut se mêler aux histoires d’argent ou au travail familiaux, pourtant, elle sent que quelque chose se trame. Malheureusement, le violent décès de Ange va la mettre en mauvaise posture et l’obliger à quitter son foyer pour des contrés plus chaudes.
Chacun de ces protagonistes est lié par un destin commun ; plus la lecture avançait, plus je sentais que leurs destins s’entremêlaient. Joseph est celui qui essaie de faire abstraction de la situation, Amélie vivait jusqu’à maintenant dans son cocon doré, choyée grâce à l’argent de la traite loin des préoccupations de ce qu’on achetait et vendait. Puis il y a Alma et sa famille, protégés d’un monde violent et horrible qui finit par les rattraper. Victime de la folie d’autre hommes, ces enfants nous montrent une façon d’appréhender cette époque et d’y survivre. Les personnages sont très attachants, on a envie de les suivre et on espère que leurs situations vont s’améliorer. Dans ce roman l’auteur arrive à raconter une histoire terrible grâce aux regards des enfants. C’est un roman très intelligent qui aborde un pan peu glorieux de notre histoire. Il permet aux jeunes générations d’appréhender des thématiques importantes et de mettre en lumière l’Histoire.
Citations
- Chez les Okos, le mot “alma” signifit “libre” (…) C’est un mot rare, une liberté imprenable, une liberté qui remplit l’être pour toujours.
- Parfois, ensemble, ils se mettent à rire tout bas sans raison, simplement parce que c’est trop doux, trop délicieux, et qu’il faut bien que ça déborde.
- Il n’y a rien d’autre qui vienne de quelque part pour prendre un nom nouveau. Ou bien il faudrait nommer chaque nuage qui passe !
Informations
Alma : Le vent se lève de Timothée de Fombelle, illustré par François Place chez Gallimard Jeunesse (11/06/2020) – 18€ – 400 pages – France