La Faucheuse – Neal Shusterman

Les commandements du Faucheur : Tu tueras. Tu tueras sans aucun parti pris, sans sectarisme et sans préméditation. Tu accorderas une année d’immunité à la famille de ceux qui ont accepté ta venue. Tu tueras la famille de ceux qui t’ont résisté. « MidAmérique, milieu du 3e millénaire. Dans un monde où la maladie a été éradiquée, on ne peut plus guère mourir qu’en étant tué aléatoirement (« glané ») par un faucheur professionnel. Citra et Rowan sont deux adolescents qui ont été sélectionnés pour devenir apprentis-Faucheurs ; et, bien qu’ils aient cette vocation en horreur, ils vont devoir apprendre l’art de tuer et comprendre en quoi cette mission est bel et bien une nécessité. Mais seul l’un des deux adolescents sera choisi comme apprenti à part entière, et lorsqu’il devient clair que la première tâche du vainqueur sera de glaner la vie du perdant, Citra et Rowan se retrouvent dressés l’un contre l’autre bien malgré eux…
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J’avais envie de commencer cette saga depuis un moment, le tome 1 étant disponible à la bibliothèque je me suis lancée. La Faucheuse est une fiction qui parle d’un futur entre utopie et dystopie. Dans ce monde, l’espèce humaine a survécu à la mort, l’Âge de la Mortalité est loin. Aujourd’hui, les gens vivent des centaines d’années, les pays ont disparu et le monde est dirigé par une intelligence artificielle : le Thunderhead. Cette IA dirige tout, elle s’occupe de chaque être humain, les conseille et veille sur eux. Mais dans ce monde parfait où la mort naturelle a disparu, une partie de la population est chargée de réguler la population ; pour ce faire, les Faucheurs “glanent” un nombre de personnes par an pour éviter l’effondrement de cette utopie. Ce livre nous plonge dans cet univers aussi fascinant que perturbant, on y suit Rowan et Cintra, choisis par Maître Faraday pour devenir des apprentis-Faucheurs. Ce premier tome nous conte leurs péripéties pour atteindre leur but : obtenir la bague et devenir Faucheurs.

Nos deux héros vont d’abord commencer leur apprentissage avec Maître Faraday, puis le poursuivre chacun de leur côté. Si Cintra a la chance de devenir l’apprenti de l’honorable Dame Curie, Rowan se retrouve sous la tutelle de l’effroyable Maître Goddard, un Faucheur de la nouvelle génération, qui se prend pour un dieu. Pour lui Faucheur est le plus noble des statuts et sa position lui permet toutes les folies ; et en plus de ça, tuer est pour lui un véritable plaisir. Il se livre a des énormes massacres, sans aucun respect des individus. C’est dans ce climat que vont grandir nos deux protagonistes, jusqu’à leur retrouvaille à chaque conclave.

J’ai beaucoup aimé cet opus, même si le thème principale m’a mis mal à l’aise au début. J’ai eu des difficultés à lire les passages sur les différents glanages, je trouvais ça effroyable que dans ce monde privé de mort naturelle, celle-ci vienne, littéralement, frapper aux portes des immortels pour leurs rappeler leurs éphémérité. En plus, les malheureux voient la mort venir : les Faucheurs, avec leurs longues robes colorées sont le symbole de la fin. Mais plus j’avançais dans la lecture, plus je me rendais compte que le glanage est une nécessité pour la survie de cette société.
Ce livre nous montre que dans un monde peuplés d’immortels, les gens sont devenus de plus en plus égoïstes, les familles deviennent gigantesques, à force de remariages, les membres d’une même famille se perdent de vue jusqu’à devenir des inconnus. A l’Âge de la Mortalité, la mort permettait de vivre plus intensément les choses : voyager, apprendre, découvrir. Maintenant rien ne sert d’apprendre, le savoir est devenu inutile puisque le Thunderhead peut répondre à tout. Les gens n’ont plus besoin de travailler car ils reçoivent un revenu minimum, de cette manière la pauvreté a disparu. Dans ce monde parfait, la question du “but” de l’existence est primordiale. Ainsi, certains individus font le test de la mort en sachant éperdument qu’il seront ressuscités. Comme le dit Dame Curie dans son journal “L’immortalité nous a tous transformé en personnages de dessins animés”.

Cette lecture nous interroge sur de nombreuses questions éthiques et philosophiques : le but de notre existence, et l’importance de son éphémérité. Le final de ce premier tome est rempli d’espoir, même s’il annonce un futur sombre pour nos deux héros et surtout pour Rowan qui en s’émancipant de sont maître s’expose à de nombreuses représailles. J’ai déjà hâte de continuer ma lecture et de savoir ce que le monde réserve aux Faucheurs. Une saga très intelligente que je vous encourage à lire, si ce n’est pas encore fait.

Citations

Pour la première fois de l’histoire, la loi n’était plus un pâle reflet de la justice. La loi était la justice. _L’honorable Dame Curie
Le pouvoir est inexorablement infecté par la seule maladie qu’il nous reste encore. Un virus qu’on appelle la nature humaine. _L’honorable Dame Curie
Quand je me penche sur les archives des informations datant de l’Âge de la Mortalité, il me semble que les hommes avaient plus de raisons de faire les choses qu’ils faisaient. La vie consistait non pas à passer le temps, mais à en trouver. _L’honorable Dame Curie
Les mortels aimaient à concevoir l’amour éternel, inextinguible. Aujourd’hui, nous savons que cela est faux. L’amour est demeuré mortel alors que nous sommes devenus immortels. _L’honorable Dame Curie
L’immortalité nous a tous transformé en personnages de dessins animés. _L’honorable Dame Curie
Sans la douleur nous n’apprenons rien. _Maître Goddard