Synopsis
Après la chute de l’Empire et avant l’émergence du Premier Ordre. Nous suivons les voyages d’un manieur de pistolet solitaire dans les contrées extérieures de la galaxie, loin de l’autorité de la Nouvelle République…
__Allociné.
Mon avis
Georges Lucas a toujours rêvé de voir Star Wars adapté sur le petit écran ; on a même pu voir récemment sur la toile, des images du projet Star Wars : Underworld, avorté principalement pour des raisons économiques. Mais la tirelire de Lucasfilms/Disney n’est pas celle du réalisateur et peut exhausser le vœu de Lucas.
La série The Mandalorian est donc annoncée en novembre 2017 et servira de tête d’affiche pour le lancement de la plateforme de streaming de Disney. Installant une pression colossale sur les épaules de Kathleen Kennedy, la patronne de Lucasfilms, qui présente jusqu’ici un bilan mitigé vis-à-vis de la saga. Celle-ci met toutes les chances de son côté et confie les rennes du projet à Jon Favreau, accessoirement poseur de la première pierre du Marvel Cinematique Universe, et s’entoure d’une figure bien connue de Star Wars : Dave Filoni, développeur des très populaires séries d’animation The Clone Wars et Rebels, entre autre. A noter que deux femmes ont mis en scène des épisodes de la série : Bryce Dallas Howard (vue dans la saga Jurassic World) a réalisé le très populaire épisode 4, et Deborah Chow a réalisé les épisodes 3 et 7.
The Mandalorian sort comme promis en novembre 2019 au moment du lancement de Disney+, (et s’achève aujourd’hui en France) et ce qui étonne tout d’abord c’est la parution des épisodes : la compagnie a fait le choix de ne pas copier Netflix et suit un rythme hebdomadaire ; empêchant les amateurs du binge watching de dévorer la série en un week-end. Personnellement, c’est un choix que je félicite, je trouve que l’on apprécie davantage les programmes de cette manière, mais c’est un vaste débat qui n’a pas vraiment sa place ici. La durée des épisodes interpelle ensuite, ne dépassant jamais les 50 minutes, les épisodes sont très courts. A une époque où Netflix et Prime Vidéo privilégient les formats longs, la série dénote. Là encore, je salue cette initiative qui permet de conserver un rythme soutenu tout au long des huit épisodes, et évite l’écueil d’avoir une qualité visuelle trop éloignée de celle des longs métrages (chaque épisode se serait vu bénéficier d’un généreux budget de 12.5 millions de dollars, c’est énorme pour une série).
The Mandalorian se démarque également par son tournage novateur. Au lieu des habituels fonds verts en studio, Lucasfilm a utilisé des écrans à LED en forme d’anneau, projetant les décors calculés en temps réels par le moteur de rendu Unreal Engine (habituellement utilisé pour les jeux vidéos). En y ajoutant quelques décors et accessoires physiques, le trucage est invisible. Cette technologie facilite le travail des acteurs qui interagissent directement dans des décors quasi-réels, et permet une post-production nettement plus simple (notamment au niveau des reflets). Si cette technique vous intéresse, je vous conseille de regarder le making of de la série dont le premier des huit épisodes sort aujourd’hui sur Disney+.
Mais au-delà de ces aspects purement techniques, que vaut The Mandalorian ?
Et bien il faut avouer que le pari est assurément réussi. Jon Favreau propose une aventure originale, contemplative, à la nostalgie modérée. L’univers présenté est connu des spectateurs mais ne souffre pas d’un fan service lourd et s’avère être plutôt malin. En présentant une période inédite, cinq ans après la chute de Palpatine (et donc de l’épisode VI), la série construit une mythologie neuve et utilise l’ambiance diégétique pour placer à l’écran quelques symboles connus. Elle ne prend pas non plus un risque énorme en se déroulant intégralement dans la Bordure Extérieure, l’astuce parfaite quand on veut éviter de poser un contexte trop prévis. Il n’est donc pas rare de croiser par moment des reliques ou des personnages de l’Empire déchu ; la série fait aussi logiquement quelques liens avec la postlogie (la brève apparition de la Nouvelle République notamment). Rapidement, nous comprenons que les personnages vivent dans une période plutôt trouble pour tout le monde et propice à la contrebande.
Et c’est justement tout l’intérêt de cette série. Nous suivons les pérégrinations du Mandalorien, surnommé Mando par certains personnages. En monopolisant l’écran tout au long des épisodes, les autres protagonistes et antagonistes ne s’avèrent qu’être des rencontres que nous ne recroisons pour la plupart jamais. Toujours coiffé de son casque, et donc à visage masqué, et en parlant très très peu (l’épisode 2 est quasiment muet) Pedro Pascal incarne un personnage charismatique. Sa prestation pourrait paraître simpliste, mais elle est plus délicate qu’il n’y parait. Son armure, nettement plus classe que celle de Boba Fett lui offre une badasserie certaine. La série est très avare en informations à son sujet mais en dévoile suffisamment pour cerner le personnage et créer un attachement. En revanche, elle pourrait frustrer certains spectateur puisqu’elle ne fait qu’effleurer le potentiel de la mythologie de la planète Mandalore et des Mandaloriens.
Et comment ne pas parler DU phénomène viral de la fin de l’année 2019 : Bébé Yoda. Omniprésent sur les réseaux sociaux, il s’est imposé comme un mème incontournable, favorisant le succès de la série. Bien que peu utile, il apporte les moments plus légers dans un scénario laissant peu de place aux rires.
The Mandalorian marque aussi pour son ambiance remarquable. Très contemplative, privilégiant une photographie soignée et cherchant à créer une ambiance unique, la réalisation s’inspire fortement des westerns ; la comparaison est d’autant plus vrai dans les paysages désertiques. N’importe quelle image de la série peut devenir un fond d’écran. Le rythme s’avère lent mais n’ennuie pas pour autant. Constamment ponctuée par une musique identifiable entre mille, la composition artistique dénote de ce que Star Wars avait proposé jusqu’ici. Et c’est selon moi la plus grande réussite du programme : avoir réussi à prendre son indépendance visuelle et sonore, tout en affirmant son appartenance à une saga emblématique.
N’imaginez pas voir de bataille dantesque ni de composition orchestrale majestueuse, The Mandalorian est avant tout l’histoire d’un homme dans une galaxie qui n’a jamais semblé aussi immense que lorsque l’on se place à l’échelle d’un simple chasseur de primes. D’ailleurs Mando n’est même pas présenté comme LE plus grand chasseur de primes, il n’est pas rare de le voir échouer dans ses pérégrinations.
Moi qui n’aime pourtant pas les western, et qui ne suis pas spécialement intéressé par les Mandaloriens ; ce sont les arcs qui m’ennuient le plus dans les séries The Clone Wars (avant la saison 5, évidemment) et Rebels, j’ai été complètement embarqué par ces aventures. Jon Favreau semble avoir trouvé la formule parfaite pour créer un ovni télévisuel en s’éloignant des standards actuels : les épisodes sont courts, le rythme est lent, il y a peu de dialogues et peu de personnages, les épisodes sont indépendants les uns des autres et ne se concluent pas par un cliffhanger haletant ; en somme, la série fait l’exact opposé des séries les plus populaires de Netflix.
En s’appuyant sur les bases solides d’un univers déjà bien construit, Favreau livre un univers neuf et innovant en évitant les impressions de déjà vu. The Mandalorian s’avère finalement être plus créatif que l’entièreté de la Postlogie ; enrichissant d’avantage l’univers, la série s’est imposée comme incontournable et apparait déjà comme une référence de la pop culture. Face à ce succès critique indéniable et à l’engouement du public, Lucasfilm a déjà lancé l’écriture d’une seconde saison qui devrait arriver sur nos écrans à la fin de l’année.
Informations
The Mandalorien créée par Jon Favreau avec Pedro Pascal, Gina Carano, Giancarlo Esposito – saison 1 disponible à partir du 24 mars sur Disney+ – U.S.A – actuellement 1 saison, saison 2 en production – 8 épisodes d’environ 35 minutes – série en cours