” Je ne suis pas certaine d’avoir pleinement saisi ce qui m’est arrivé, ni ce qui m’a conduite à agir comme je l’ai fait. Il n’y a pas de morale à cette histoire. Tout ce que je sais, c’est que je vous dois les faits. Ils m’emmèneront sur des territoires obscurs, dans les marécages de ma conscience et, pour quelques secondes encore, contre la peau de M. “
Il y a quelques années, j’ai lu La vraie vie d’Adeline Dieudonnée et il m’avait vraiment traumatisé, j’en était sorti fracassé alors j’ai un peu hésité avant d’ouvrir celui-ci, mais le résumé parlé d’amour et de folie alors je me suis lancé.
J’ai été soulagé que ce roman soit moins dur que La vraie vie, mais je ne dirais pas pour autant qu’il est facile. La narratrice dont on ne connaît pas le nom, transport pendant 6 jours le cadavre de son amant, qui c’est noyé. Elle décide pendant ces journées d’écrire des lettres à la femme de son amant pour lui expliquer la situation, mais également pour partager avec elle des moments de sa vie, dont sa rencontre avec le mari de celle-ci.
Le titre de ce roman nous annonce tout de suite le sujet. Reste, c’est le mot que souhaiterai crier notre narratrice à son amant au moment où elle le découvre noyé et c’est ce même mot qui raisonne tout au long de ce roman, c’est également ce qui la pousse à rédiger des lettres à la femme de celui-ci. Elle souhaite garder un lien avec lui, elle souhaite partager leurs histoires que personne ne connaît sauf elle. Elle a peur que leurs histoires ne disparaissent avec lui, alors qu’elle comptait.
Ce roman suit la réaction d’une femme suite au décès de l’homme qu’elle aime, mais les lettres qu’elle envoie sont très poétique.
Ce livre interroge sur le deuil, mais il va beaucoup plus loin, il parle des couples, de ce que la société attend de l’union de deux personnes, de ce qu’elle attend d’une femme. Notre narratrice a découvert l’amour en ayant une relation vue comme immoral par la société, mais ces relations précédentes qui étaient comme il fallait lui on apporté de la tristesse, du désespoir et elle a même subit des violences physiques et psychologiques. Alors lesquels été vraiment de l’amour finalement ?
Pendant ma lecture, cette dichotomie m’a mis mal à l’aise. Certes, notre narratrice dépasse les bornes, mais en lisant son histoire, j’ai compris sa détresse, l’angoisse et le désespoir qu’elle a ressenti en trouvant le seul homme qui l’avait aimé, respecté et considéré comme une vraie personne, décédée, disparue pour toujours. J’ai eu de l’empathie pour elle.
Reste, est un très bon et beau roman, qui parle d’amour et de désespoir. Il m’a beaucoup touché et je vous le conseille.
Citations
- Ici il n’y a rien. Et puisqu’il n’y a rien, il y a tout.
- ça n’a pas d’importance, je l’ai aimé seule, je peux le pleurer seule.
- Aussi léger à porter que fort à éprouver.
- Plus personne ne suffira jamais.
- Ne jamais se perdre, tout en s’abandonnant.
- Je ne pense pas qu’on met appris à me taire. Simplement, on ne m’a pas appris à parler.
- On nous demande d’être des biches, et j’ai toujours été un poney.
- ça n’est jamais quelconque, l’envol amoureux, éblouissant, qu’on fracasse.
- Je veux de la terre, du feu, des étoiles, des odeurs vraies, du temps, autant qu’on veut, des mots pour lui, des larmes faites maison, pas un deuil en plastique.
- Merci de m’avoir vue comme une alliée, pas comme une adversaire, merci d’être devenu mon meilleur ami. Au revoir, mon amour.
Informations
Reste d’Adeline Dieudonné, collection Proche (Poche ) – 02/05/2024 – 238 pages – 8.30€ – Belgique – livre acheté neuf