Synopsis
Nathan et ses amis sont en permanence connectés à Interfeel, un réseau social qui permet de partager ses émotions. Pour la majorité des habitants de la planète, connaître les émotions de chacun est tout aussi naturel que téléphoner. Mais un événement tragique va bouleverser Nathan. Fasciné par Elizabeth, une « sans-Réseau » qui vit en marge de la société, il voit toutes ses certitudes vaciller. Ce que les deux adolescents découvriront pourrait bien changer le monde à jamais…
_Librairies indépendantes
Le résumé d’Interfeel ainsi que sa sublime couverture illustrée par Leonard Dupond m’ont tout de suite donné envie de découvrir ce roman d’anticipation. Antonin Atger nous plonge dans un univers futuriste très réaliste : la consommation de chair animale a été remplacée par celle d’insectes et la technologie a fait beaucoup de progrès. Dans ce nouveau monde, la communication a évolué, les longues conversations ont laissé place au ressenti, les gens ont abandonné la parole pour communiquer avec leurs émotions qu’il est possible de ressentir grâce au réseau social : Interfeel. Il fonctionne grâce à une opale : une petite pierre remplie de technologie qui a remplacé nos ordinateurs actuels. Dans ce futur, la population est divisée : ceux qui utilisent Interfeel et les autres, qui refusent d’être connecté.
Nathan est un garçon lambda, il habite en ville et a toujours été connecté au réseau. Lors d’une journée comme une autre, un de ses enseignants va se défenestrer. Cet événement choquant va évidemment perturber le jeune protagoniste ainsi que ses amis : Adila, Livia, Hanek et Nadem. Nathan va commencer à douter du réseau car au moment du suicide de son professeur, il n’a absolument rien ressenti… Il va alors essayer de découvrir pourquoi en se rendant au quartier des sans-Réseau, où il y rencontre Elizabeth, et découvre que cet événement cache une vérité bien plus grave sur son monde.
J’ai apprécié que ce futur soit réaliste, l’évolution décrite dans ce roman est tout à fait possible, comme le refus d’une partie de la population d’évoluer avec son temps. De nos jours il existe déjà des personnes pro-technologie et d’autres qui y sont opposés. J’ai également aimé l’idée de perdre son libre-arbitre si la technologie s’infiltre dans tous les détails de notre vie ; la notion de servitude volontaire est très intéressante, elle représente les contraintes qu’on décide d’accepter par nous-même. L’exemple le plus concret dans notre société est surement la collecte de nos données et la vente qui en sont faites. On a beau savoir que certaines entreprises récoltent ces précieuses informations, la plupart des individus s’en moquent, sous prétexte “qu’ils n’ont rien à cacher”, or le problème n’est plus de perdre ces informations sensibles qu’on aimerait protégées, mais de comprendre que grâce à elles, d’autres sociétés pourraient un jour prévoir notre avenir ; nous serions alors à leur merci, que ce soit pour nous soigner ou pour nous nourrir. Un avenir qui ne manque pas de raisonner avec celui de ce roman.
Dans Interfeel, il n’est pas question de données, mais d’émotions. Dans un monde où chacun peut savoir ce que l’on ressent, impossible de mentir ou de cacher quoi que ce soit. Pourtant dans un tel monde, comment être sur que les émotions ressenties sont bien les nôtres, puisqu’elles sont toutes gérer par Interfeel ? Tant de questions auxquelles nos jeunes protagonistes tentent de répondre au cours de ce premier tome. Toute les intrigues n’ont pas encore trouvé réponse à la fin de ma lecture, ce qui me donne évidemment envie de poursuivre avec le second tome. Quant à l’écriture, j’ai d’abord eu un peu de mal à me plonger dans le récit ; c’était assez lent, heureusement le rythme s’est accéléré et la lecture devient plus facile ensuite. J’ai aimé découvrir ce premier tome, c’est une œuvre d’anticipation très réaliste qui remettra en question les objets connectés qui envahissent nos intérieurs.
Citations
- “Comme si la liberté était moins importante que le confort.”
- “Pourquoi accepte-t-on de vivre sous le principe de servitude volontaire ?”
- “Interfeel, le réseau de partage des émotions, était devenu le sixième sens de l’humanité.”
- “Vous êtes nés dans ce système, vous ne vivez que par ce système.”
- “Le numérique n’est jamais coupé du monde réel.”
- “Mais ni la chair ni la technologie ne font l’humain.”
- “Tu es imprévisible et tu fais mal. Tu es tout ce que je crains dans la vie.”
- “Mon but est de rendre aux gens le droit de réfléchir par eux-mêmes, pas de devenir un marionnettiste de l’esprit humain.”
- “Il faut un choc pour que les gens redécouvrent l’authenticité.”
- “Quand je te vois, j’ai un grand vertige, comme si j’allais tomber de très haut… mais je veux tomber, même si je risque de me faire mal…”
- “Je ne veux pas qu’une machine contrôle ma vie, même si ma vie semble parfaite ainsi. Je préfère le doute et l’incertitude. C’est ma manière à moi d’être libre. Et je veux rester libre.”
Informations
Interfeel, Tome 1, d’Antonin Atger chez PKJ (7/06/18) – 18,50€ – 490 pages – actuellement deux tomes en librairie, le troisième tome est prévu pour juin 2020 et le quatrième est en cours d’écriture.