A quelques heures de la cérémonie, revenons sur les quelques films présents dans ce cru 2020. N’ayant pas vu la totalité des films nominés, je ne me sens pas légitime de faire le moindre pronostic, mais promis pour l’année prochaine je serai à jour.
Les deux papes
Meilleur acteur dans un second rôle pour Anthony Hopkins
Meilleur acteur pour Jonathan Pryce
Meilleur scénario adapté
Sur le papier ce film n’aurait pas du me plaire, je ne suis pas vraiment intéressé par les histoires du Vatican, mais au final Les deux papes s’avère être un film intelligent, racontant cette période unique et historique que nous avons peut-être oublié : la démission d’un pape. Évidemment, le métrage ne parle que de religion, de croyance et de visions du monde ; les hermétiques au sujet auront du mal à supporter les 2h05. Malgré quelques longueurs, je me suis laissé porter par ce duo sympathique à l’amitié improbable, entre un pape fondamentaliste et un homme de foi progressiste ; l’alchimie entre Anthony Hopkins et Jonathan Price, qui n’ont plus rien à prouver, fonctionne à merveille. Leurs nominations sont largement méritées mais je ne les imagine pas remporter la statuette.
Once Upon a Time in… Hollywood
Meilleur acteur dans un second rôle pour Brad Pitt
Meilleur acteur pour Leonardo DiCaprio
Meilleur réalisateur pour Quentin Tarantino
Meilleur montage sonore
Meilleur mixage sonore
Meilleur film
Meilleurs décors
Meilleur scénario original
Meilleure photographie
Ce film prouve que la frontière entre “prodigieux” et “raté” est mince. A la fin du générique ma réaction a été complètement négative, au-delà des indéniables qualités techniques, je m’étais profondément ennuyé malgré ce climax Tarantinesque. Mais alors dès que j’ai saisi le réel intérêt du film (plus précisément tout ce qui tourne autour du personnage de Margot Robbie), j’ai compris les enjeux, les préparations-paiements et tout m’est paru extrêmement réussi.
Sans conteste, je ne suis pas spécialement touché par le style Tarantino, des aspects de son écriture ou de sa mise en scène me dérange, mais Once Upon a Time in… Hollywood reste relativement accessible pour le grand public, si on supporte les films très longs. Bien porté par un trio d’acteurs flamboyants (surtout Brad Pitt, qui survole les 2h40), ce métrage est une déclaration d’amour pour un Hollywood aujourd’hui disparu, et le rêve exhaussé d’un grand nombre de nostalgiques traumatisé par la disparition de Sharon Tate.
Logiquement, la dernière œuvre de Quentin Tarantino fait figure de favorite cette année.
Marriage Story
Meilleure actrice dans un second rôle pour Laura Dern
Meilleure actrice pour Scarlett Johansson
Meilleur acteur pour Adam Driver
Meilleur film
Meilleure musique
Meilleur scénario original
Mathilde en a déjà parlé dans le Récapito de décembre alors je serai bref. Marriage Story est un film incroyablement humain ; il n’a aucune autre ambition que de parler de la vie de ses personnages, misant tout son potentiel sur les épaules de son duo charismatique. C’est donc vraiment très logiquement que l’on retrouve ses acteurs principaux nominés pour les distinctions reines. Adam Driver et Scarlett Johansson sont bouleversants de justesse et de simplicité. Dès les premières secondes et cette merveilleuse introduction déjà culte, on croit à leur couple, on s’y attache et on pleure avec eux leur histoire semée d’épreuves. Le film n’oublie pas de soigner sa mise en scène, sa photographie et sa bande originale. C’est un coup de cœur que j’aimerais vraiment voir être récompensé cette nuit.
Jojo Rabbit
Meilleure actrice dans un second rôle pour Scarlett Johansson
Meilleur film
Meilleurs décors
Meilleurs costumes
Meilleur scénario adapté
Meilleur montage
Après le très apprécié Thor Ragnarok, Taika Waititi revient avec un film moins clinquant mais néanmoins ambitieux ; Aidé par un casting flatteur, le réalisateur/scénariste/acteur livre un film intime, rigolo et émotionnellement abouti. Le pitch de départ qui pouvait présager une comédie burlesque laisse finalement place à un film émouvant, questionnant les rapports humains pendant la guerre. Il est d’ailleurs plutôt rare de vivre la guerre du côté allemand, et encore plus d’un enfant des jeunesses hitlériennes, fan du dictateur et antisémite assumé. Evidemment, Hitler l’ami imaginaire de Jojo apporte les quelques instants grotesques du métrage ; la performance d’imitation de Waititi est d’ailleurs salutaire. Tout le casting est à saluer et semble s’impliquer dans ces personnages attachants, surtout Roman Griffin Davis (Jojo) et Archie Yates (Yorki) qui sont d’une mignonnerie incroyable.
La photographie, les costumes et les décors offrent une réelle indentité (légérement anachronique cela dit) mais qui ancre le métrage dans un univers unique bienvenue. Le récompenser pendant la cérémonie serait mérité.
Joker
Meilleur acteur pour Joaquin Phoenix
Meilleur réalisateur pour Todd Phillips
Meilleur film
Meilleurs maquillages et coiffures
Meilleur scénario adapté
Meilleur photographie
Meilleur montage
Joker a déjà eu droit à un article assez conséquent rédigé peu de temps après ma séance. Quelques mois plus tard, le choc est toujours présent. Le métrage de Todd Phillips est devenu un phénomène mondial dépassant contre toute attente le milliard de dollars de recettes mondiales, et le maquillage du personnage de Joaquin Phoenix est devenu un symbole de révolte dans le monde entier. Le film est l’un des favoris de la cérémonie et mérite véritablement ses nominations, mais l’Académie osera-t-elle récompenser une adaptation de comics ?
Le Mans 66
Meilleur film
Meilleur montage sonore
Meilleur mixage sonore
Meilleur montage
Le Mans 66 est probablement le film qu’on avait pas vu venir ; c’est en tout cas mon cas. Aidé par un casting alléchant, il semblait être une nouvelle adaptation d’une histoire de course automobile. Sans être transcendant, j’ai passé un bon moment devant le métrage dont les péripéties s’enchainent sans mal, évitant les longueurs ou les moments de flottement. Porté par un scénario abouti et un casting concerné (Christian Bale est définitivement un grand acteur), le film tient sa réussite dans ses scènes de pilotage à la tension soutenue, à sa bande son donnant le sentiment d’être au plus près des voitures et rappelant quelques sonorités empruntées aux westerns pour accentuer la rivalité des deux écuries phares de l’époque.
Vu la richesse des autres films au programme, Le Mans 66 mérite mais ne peut pas vraiment espérer mieux que des récompenses techniques.
1917
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour Sam Mendes
Meilleurs décors
Meilleur scénario original
Meilleure photographie
Meilleurs maquillages et coiffures
Meilleure musique
Meilleur montage sonore
Meilleur mixage sonore
Meilleurs effets visuels
1917 n’est pas un film de guerre comme les autres, oubliez tout ce qui a été fait récemment : les batailles épiques, les débarquements, les sauvetages triomphants, …etc. Ce film est avant tout une course contre la montre où l’on ne suit que William Schofield, chargé de transmettre un message vraiment très important à une compagnie à plusieurs heures de sa position, sans quoi, la vie de 1600 soldats sera condamnée. L’exploit de ce film est assurément dans sa forme, puisqu’il s’agit d’un unique plan séquence (enfin pas exactement, le seul cut du film intervient à un moment où le personnage principal s’évanouit). Nous traversons donc des décors entiers de tranchées, de villages en ruine, de forêts et de plaines dans un fil rouge permanent. Évidemment, tout le film n’a pas été tourné en une unique prise, pour un œil aguerri certaines transitions sont visibles, mais elles restent tout de même bluffantes.
Grâce à cette narration, le métrage prend une forme rare que j’ai véritablement apprécié ; la tension est constante, bien aidée par la musique de Thomas Newman qui ne s’interrompt presque jamais, le danger parait omniprésent. Plus que simple spectateur, nous accompagnons le personnage dans cette aventure en temps réel, et nous sortons de la séance vraiment fatigué par ces deux heures sans le moindre répits.
Le film mérite évidemment toutes ses nominations, et si 1917 ne repart pas de la cérémonie avec l’Oscar des meilleurs décors, et Sam Mendez avec celui du meilleur réalisateur, ça ne sera pas juste tant son ambitieux projet est une vraie réussite.
Parasite
Meilleur film étranger
Meilleur film
Meilleurs décors
Meilleur scénario original
Meilleur réalisateur pour Bong Joon Ho
Meilleur montage
Déjà récompensé de la Palme d’Or au dernier Festival de Cannes, Parasite parait-être un candidat sérieux pour la cérémonie de ce soir. Je dois avouer ne pas trop comprendre pourquoi. Évidemment le film est globalement bon, et j’ai passé un très bon moment devant, mais le scénario parait être quelque peu caricatural, opposant de manière un peu trop manichéenne les malheureux pauvres et les arrogants riches. Je m’attendais à beaucoup plus de subtilité, plus de psychologie vu le titre et les ambitions annoncées ; alors que le film s’avère être plus une comédie qu’un véritable drame.
La réalisation de Bong Joon Ho est plus inspirée que le script, avec de très très beaux plans de Seoul, un plan de fantôme qui me traumatise encore (si vous avez vu le film vous comprendrez) et un montage tendu ; la tension endurée par les personnages traverse l’écran jusqu’aux spectateurs. Parasite est un bon film, mais en-deçà d’autres œuvres de la sélection.
Star Wars Episode IX : l’Ascension de Skywalker
Meilleure musique
Meilleur montage sonore
Meilleurs effets visuels
La déception de l’année. Là encore un long article est déjà publié sur le blog, et comme promis je reviendrai sur l’entièreté de la saga d’ici quelques semaines. Comme d’habitude, les blockbusters se cantonnent à quelques nominations techniques pas vraiment valorisantes (au moins les succès populaires sont représentés, coucou les Césars). Néanmoins, la partition de John Williams est possiblement la plus inspirée de cette postlogie, un Oscar pour l’ensemble de son œuvre sur ces neuf films pourrait être une jolie récompense.
A Couteaux Tirés
Meilleur scénario original
Sans flamboyer, le dernier métrage de Ryan Johnson s’invite aux Oscars dans la seule catégorie où effectivement il a sa place, celle du meilleur scénario original. Comme je l’avais souligné l’année dernière dans l’article qui lui était dédié, Johnson signe seul une histoire complexe, intelligente et brillante, se présentant comme le digne héritier des œuvres d’Agatha Christie. Arrivera-t-il à créer la surprise parmi les cadors de la soirée ?
Avengers : Endgame
Meilleurs effets visuels
Difficile de nominer Avengers : Endgame aux Oscars puisque l’Oscar de la plus grande émotion n’existe pas, alors celui des meilleurs effets visuels fait figure de lot de consolation pour ce film néanmoins historique. Si vous avez lu l’article sur le sujet, vous savez que le quatrième opus des Avengers m’a chamboulé mais pas au point de mériter des récompenses saluant la performance artistique (désolé Kevin Feige).
Le Roi Lion
Meilleurs effets visuels
Bon, vous savez aussi ce que je pense de ce film, et tous les problèmes qu’il représente. Cela dit, si un film mérite l’Oscar des meilleurs effets visuels c’est bien celui-ci. Le Roi Lion est une incroyable prouesse visuelle, redéfinissant les codes du cinéma.
Toy Story 4
Meilleur film d’animation
Meilleure chanson pour “I Can’t Let You Throw Yourself Away”
L’habituel film d’animation Pixar. Encore une fois, vous savez ce que j’en ai pensé. Sans hésiter le plus beau métrage d’animation que j’ai vu cette année, il pourrait légitimement prétendre à la statuette du Meilleur film d’animation. En revanche, je ne savais même pas que la chanson “I Can’t Let You Throw Yourself Away” existait, c’est dire si elle m’a marqué…
Dragons 3 : le monde caché
Meilleur film d’animation
J’ai découvert très tardivement la saga Dragons, juste avant d’aller voir le dernier opus en cinéma en vérité. Pour autant, l’émotion m’a submergé dans les derniers instants du film, les dernières aventures de Harold et Krokmou sont très émouvantes et épiques. Dragons 3 : le monde caché se veut plus mature que ces prédécesseurs, c’est assez appréciable de voir une saga grandir avec ses spectateurs. Le film en devient beaucoup plus intelligent, et parle d’avantage aux jeunes adultes qu’aux enfants. On pourrait reprocher une redondance scénaristique avec encore une fois des chasseurs de dragons qui cherchent à briser la paix entre les hommes et les créatures légendaires.
A l’instar de Toy Story 4, le film est visuellement impressionnant : des milliers de dragons très différents prennent vie en même temps à l’écran, il peut alors prétendre à la récompense du Meilleur film d’animation.
L’année 2019 aura été une année très riche en bons films. Difficile de prévoir quels prétendants remportera les plus belles récompenses tant une poignée de métrages les mériteraient, d’autant plus que par le passé l’Académie des Oscars nous a habitué à créer la surprise (on se souviendra que La La Land n’a pas gagné). Réponse demain matin ! Ou cette nuit pour les plus courageux (pas moi).