À Sapientia, les règles sont claires : les femmes dirigent et les hommes servent.
Le grand tournoi annuel de gladiateurs approche. Toutes les jeunes filles attendent l’événement avec impatience. Toutes, sauf Adona, que l’enjeu terrifie : il faut y choisir son favori…Dans les geôles de l’arène, les hommes n’ont qu’une idée en tête : survivre à l’épreuve. Mais pour Elios, survivre n’est que le début d’une mission bien plus ambitieuse… Pour chacun, un long combat commence !
_Didier Jeunesse
Sapientia est une société matriarcale : les femmes sont à la tête de l’Etat, de la justice et de l’ordre. Elles font les règles et dirigent. Votre première question sera sûrement : “et les hommes alors ?”
Ici, les hommes sont esclaves, travailleurs, hommes de compagnie, géniteurs ou encore Oncles ; des statuts qui leur permettent de vivre auprès des femmes, mais sous leurs dominations, ils n’existent que pour les servir.
Horrible n’est-ce pas ? Je dirais prodigieux ! Avec ce récit, Cassandra Lambert inverse la domination pour mieux montrer son absurdité. Mais également pour démontrer que le problème de notre société ne vient pas de la domination du genre masculin, mais simplement de la “domination” elle-même.
Adona est la fille aînée de la plus riche famille de Sapientia, de ce fait elle a de nombreuses obligations : faire bonne figure, avoir de bonne note, être respectable, ne jamais faire honte à sa famille, et la plus importante : enfanter. Elios, est un homme qui vit reclus sur l’île de Teneros avec ses semblables, il n’a aucune importance dans ce monde, mais il souhaite rejoindre Sapientia pour transformer cette société. J’ai apprécié suivre ces deux parcours. D’autant plus grâce à la narration des chapitres courte et rythmée, je ne me suis jamais ennuyée.
Ce livre est fort en émotions, si vous êtes comme moi, vous vous attacherez rapidement à Elios, Nikos et Adonas. Et si vous êtes sensible, attention à vous, nos protagonistes vont être malmené·es ; le récit pourrait bien mettre à mal votre cœur car il regorge de moments vraiment difficiles.
J’ai trouvé très intéressant de voir que cette société matriarcale n’est pas non plus ultra féminisme. La reproduction étant au cœur de la société et de la vie citoyenne, les jeunes femmes n’ont pas le loisir de choisir si elle souhaite être mère. La seule raison qui pourrait les exempter d’enfanter est l’infertilité ou la pauvreté ; se sont en plus deux situations négatives qui poussent à l’exclusion. C’est là que le point de vue d’Adonas est si important : elle assume ne pas être prête à devenir mère. Malheureusement, que ça soit elle ou Elios, les héro·ïnes n’ont pas le loisir de choisir leurs destinées, et au final, ces personnages si différent·es au premier abord, apparaissent finalement très proches par leurs souhaits et leurs espoirs.
Vous l’aurez compris, ce premier tome est un énorme coup de cœur. Ma lecture a été addictive, j’ai tremblé et frissonné pour nos héros. J’ai été horrifiée par cette société, par son souhait de domination des hommes et de son manque de tolérance pour les femmes. Ce livre est foncièrement féministe, son propos se veut tolérant et égalitaire, et j’ai hâte de suivre la suite des aventures d’Adonas et d’Elios, hâte qu’iels déconstruisent ce monde pour en bâtir un à leur image.
Merci à NetGalley et Didier Jeunesse de m’avoir permise de découvrir ce roman.
Citations
- C’est plus facile de faire semblant.
- Au fond, javais peur de mourir. Comme les autres.
- Les grands changements se nourrissent de petites actions.
- Nous étions peut-être vivants, mais au fond, nous étions tous perdants.
- Deux cœurs brisés. Égalité partout.
- La vie est dans la douleur.
- Les orphelins de Teneros n’avaient rien, sinon de l’espoir.
- Si tu n’as pas peur, c’est que l’événement ne compte pas. Il faut toujours se battre pour obtenir ce que l’on veut.
- Je suis prêt à être frappé, brûlé, enchaîné et tué par le feu, je le jure !
Informations
L’Empire des Femmes, tome 1 – Sapientia de Cassandra Lambert aux éditions Didier Jeunesse – 21/09/2022 – 352 pages – 18,90€ – France