Dans le royaume de Hélios, les mots ont un pouvoir. Celui de créer, d’équilibrer, puis de détruire le monde. Lorsqu’on les prononce, aucun retour en arrière n’est possible. Arya, une jeune fille de la capitale, est passionnée de livres. Elle en dévore chaque mot. Mais elle est loin de se douter qu’elle est la clé pour sauver son royaume, le seul qui ait restreint l’utilisation de la magie grâce à un traité. Un traité qui ne plaît pas aux rebelles, prêts à tout pour l’éradiquer. À l’aube des changements qui s’annoncent, les Mots se réveillent pour établir l’ordre dans le chaos, la vérité dans l’illusion. Ils attendent leur Appel. Celui de la Passeuse de Mots.
_Librairies indépendantes
Je viens de finir le premier tome de la Passeuse de Mots et j’essaie de mettre mes idées et mes mots aux clair ; ça m’est toujours difficile quand le livre me marque, et c’est le cas de celui-ci. Cette lecture a été pour moi comme une virée en montagnes russes, ce qui n’est pas étonnant, car avec 733 pages, c’est un ouvrage dense qui permet à ses auteur·rices de nous dépeindre un univers aussi vaste qu’improbable : magie, créatures souterraines, guerriers, princes, voleurs, pirates et monde sous-marin ne sont qu’une liste non exhaustive des merveilles que nous découvrons dans ce roman.
Rien que d’y penser me donne un peu le tournis, et c’est un peu ce que j’ai ressenti tout au long de ma lecture. Elle a commencé tranquillement en compagnie d’Arya, fille de pâtissière et dévoreuse de livres, j’ai tout de suite apprécié sa personnalité. Je me suis reconnue en cette jeune fille qui préfère vivre dans ses livres plutôt qu’aller découvrir le monde ; après tout, ils recèlent de tant de voyages que je ne pourrais jamais vivre. Puis les choses se sont accélérées, l’univers d’Arya s’est assombri, et a découvert ce qu’elle était, qui elle était, et sa grande aventure a commencé. A partir de là, le calme s’est fait plus rare. Les aventures se sont tellement enchaînées que je ne pensais pas pouvoir découvrir autant de choses dans un seul tome. Je râle souvent lorsque la première saison d’une série ou le premier tome d’un roman n’est qu’une introduction de l’univers. Et bien la Passeuse de Mots est l’exact opposé, c’est sûrement le premier tome d’une saga le plus dense que j’ai jamais lu, les péripéties y sont infinies et les protagonistes nombreux·se. Le livre suit l’apprentissage d’Arya pour qu’elle devienne la Passeuse de mots comme fil conducteur, mais entre temps, chaque nouvelle rencontre et découverte de lieux se transforment en arcs narratifs entiers qui font grandir notre héroïne et ses compagnons.
Mais est-ce que j’ai aimé cette profusion d’intrigues, de lieux et de choses ? Pendant la lecture, j’étais clairement perdue ; quand on est arrivé sur un bateau pirate, je me suis dit “attends, des pirates maintenant ?”, et c’était ça à chaque étape de l’aventure… J’étais perplexe. Mais après avoir terminé ce premier tome, l’impression qui me reste est positive.
Après tout, comme je vous l’ai dit plus haut, j’apprécie énormément Arya, et ses compagnons sont tout aussi attachants qu’elle. Saren est une figure paternelle protectrice et rassurante, Alric est la personne la plus humaine de ce livre malgré le fait qu’aucun de ses cœurs ne bat, et Killian est… Killian ! C’était trop facile ? Bon.
Killian Nightbringer est un antihéros attachant, à la répartie implacable, et rempli de secret, forcément c’est mon personnage préféré, même Arya ne fait pas le poids.
Quand un voleur prend soin d’un agneau, il devient un loup.
_Killian
Le récit et les personnages : ok, et l’écriture alors ?
J’ai adoré l’écriture de ce roman. Je lis beaucoup de livres traduits, et dès les premières lignes j’ai su que cette fois-ci les auteur·rices étaient francophones car iels jouaient avec les mots, tout sonnait différemment ; j’ai énormément accroché au style.
De plus, j’apprécie le fait qu’Arya découvre parfois des choses qu’elle ne nous partage pas, j’ai l’impression de devoir également faire un voyage pour comprendre les événements ou ce qu’elle ressent. J’aime l’idée que les auteur·rices ne nous donnent pas toutes les réponses, j’aime ce mystère qui entoure les Passeuses de mots et Killian. C’est surtout pour cette raison que j’ai envie de continuer cette saga : en apprendre encore plus, percer les secrets de l’univers et voyager encore avec cette bande improbable à laquelle je me suis attachée.
Je n’ai pas vraiment envie de vous en dire plus sur l’histoire et ses personnages, car après tout, la découverte et la meilleure façon d’apprécier un livre non ?
Peut-être qu’au début vous vous sentirez comme moi, un peu perdu·e dans cette densité ; mais l’attachement que vous développerez envers les personnages comblera vite votre angoisse, et je suis certaine que vous apprécierez leurs chamailleries, leurs complicités et la loyauté dont ils font preuve les uns pour les autres.
C’est amusant, parfois on lit un livre, on l’aime mais en le refermant on se rend compte qu’il nous manque. Alors on sait que c’est un coup de cœur. Je suis heureuse que ce livre soit une saga, j’ai hâte de m’y réfugier à nouveau et de vivre la suite de leurs aventures.
Citations
- Cesse de t’angoisser, ton cœur en pâte d’amande ne va pas le supporter. _Arya
- Un roi qui laisse la peur régner sur lui est pire qu’un roi qui fait régner la peur sur les autres. _Aidan
- C’est un cliché, les filles n’ont plus besoin de prince. A vrai dire je préfère les aventuriers. _Arya
- Rien n’est pire que la normalité. Se noyer dans la masse, vivre juste ce qu’il faut. Etre comme tous les individus lambda, non merci. _Aïdan
- Je ne veux pas marquer l’Histoire, je veux la faire. _Aïdan
- Un cadeau. Pour celle qui se contente d’embrasser le monde d’un seul battement de cils. _Aïdan
- Veux-tu finir ainsi ? A ne découvrir des endroits hors du commun qu’à travers des livres ou des illustrations ? Le monde n’a pour limite que celle que nous nous fixons. _Maître Jownah
- Il est temps pour moi de casser le cycle sans fin de mes tourments. _Aïdan
- Et les larmes couleront sur son visage, comme mille gouttes d’encre sur une page.
- On est tous nés pour se battre, parce-que c’est indispensable pour survivre. C’est dans notre nature la plus profonde. Il y a trois catégories de personnes : celles qui essaient mais sont trop faibles, celles qui se laissent mourir et celles qui ne connaissent que la rage de vaincre et de gagner. A toi de voir dans laquelle tu veux te situer. _Killian p.165
- Tu es courageuse, mais moi je suis téméraire. Celui qui prend des risques ira toujours plus loin que celui qui se contente de prendre ce qu’on lui tend. _Killian
- C’est étonnant de se dire que, dans un passé pas si lointain, nous étions des fantômes pour nos cœurs et nos yeux. _Arya
- La maison construit la famille. Le cœur la transporte.
- La plupart des humains ne font qu’exister, parce que vivre est bien plus compliqué. _Alric
- Cette fille, elle embrasera le monde. Elle deviendra un feu de forêt, terrible et beau à la fois. Et, pour contrôler un feu, il faut s’en approcher. _Alric
- Le pire n’est pas d’échouer mais de n’avoir jamais pris la peine d’essayer. Les erreurs sont une preuve que tu n’as jamais abandonné. _Alric
Informations
La Passeuse de Mots – Tome 1 d’Alric & Jennifer Twice aux éditions Hachette Romans – 31/03/2021 – 736 pages – 18€ – France