Synopsis
A 17 ans, Rue Bennett, fraîchement sortie de désintox, cherche à donner un sens à son existence. Elle se lie très vite à Jules Vaughn, une fille trans récemment arrivée en ville après le divorce de ses parents. Dans leur sillage gravitent Nate Jacobs, un sportif dont les problèmes de colère masquent des complexes sexuels ; Maddy Perez, la petite amie de Nate ; Chris McKay, star de l’équipe de football qui peine à suivre les cours ; Cassie Howard, dont le passif sexuel continue de la poursuivre ; Lexi Howard, jeune sœur de Cassie et amie d’enfance de Rue ; et Kat Hernandez, en pleine exploration de sa sexualité.
_Allociné.
Mon avis
Première série Teen drama d’HBO, Euphoria est l’adaptation d’une mini-série israélienne. Comme à son habitude, la chaîne nous offre une série unique qui déconstruit son propre genre. Loin des Teen drama qui ont marqué nos générations : Buffy, The O.C, Glee, Gossip Girl ou encore les actuelles Élite ou Riverdale, Euphoria ne cherche pas à raconter la vie rêvée des adolescents, mais se concentre sur leurs désillusions. Plus proche de la série Skins de 2007 par ses thématiques (sexe, drogue, dépression…), elle offre un programme où la violence est représentée sous toutes ses formes.
Rue, l’incarnation du désespoir ?
Rue interprétée par Zendaya est au centre de cette série. Elle est la narratrice omnisciente, nous racontant ses secrets et ceux des autres protagonistes. Littéralement arrachée du ventre de sa mère dès les premiers minutes du programme, elle ère dans un monde où elle ne trouve pas sa place. Diagnostiquée de plusieurs pathologies (troubles obsessionnels compulsifs, troubles de l’attention, troubles de l’anxiété et bipolaire) dès son plus jeune âge, elle est rapidement mise sous traitement l’excluant encore plus de la réalité. S’occupant de son père malade, elle commence à se droguer à 13 ans avec les médicaments de celui-ci. A sa mort, Rue se perd dans les méandres de la drogue jusqu’au jour où sa petite sœur Gia la retrouve inconsciente suite à une overdose.
On retrouve notre anti-héroïne après son été de désintox, alors âgée de 17 ans, toujours emmitouflée dans le sweat à capuche de son père décédé (comme si celui-ci pouvait la protéger des autres).
Ce qui est intéressant avec ce personnage, c’est qu’elle est attachante alors qu’on sait qu’elle se drogue et qu’elle n’est pas digne de confiance ; la série nous le montre d’ailleurs à plusieurs reprises. Rue est une menteuse invétérée, elle ferait n’importe quoi pour de la drogue. Et pourtant, après sa rencontre avec Jules, on se met à l’apprécier et on a parfois l’impression de suivre une enfant perdue dans un monde inconnu ; elle lutte a contre courant sans arrêt. Son addiction pour Jules (car c’est bien de ça qu’il s’agit) remplace celle qu’elle avait pour la drogue, et même si elle l’aime profondément, elle en a peur, comme elle a peur de la drogue. Pour Rue tout est compliqué car elle n’a jamais rien vécu de simple. C’est un personnage très complexe et Zendaya tient ce rôle à merveille. Elle est fascinante et certaines scènes m’ont donné des frissons. Sans parler de l’incroyable finale musicale que j’ai vraiment adoré.
Les autres protagonistes ?
Chaque début d’épisode met en lumière l’enfance d’un personnage et une problématique. Ainsi, personne ne se trouve laissé de côté et aucun protagoniste n’est inutile. Rue raconte leurs passés et leurs présents comme si toutes ces histoires n’en formaient qu’une.
Les personnages féminins sont très présents, elle sont le cœur d’Euphoria. Cassie est une belle blonde que tout le monde juge sur son physique et sur ces relations intimes. Elle est perçue comme la fille facile alors qu’elle cherche juste l’amour. Kat est au départ la timide vierge de la bande, elle est très connue sur internet pour ses fan-fictions, jusqu’au moment où elle décide de prendre les choses en main, se retrouvant sur une sextape pour sa première fois ; elle découvre qu’elle a du succès et se lance comme dominante sur un site porno. Plus jeune, Madeleine a fait des concours de beauté, elle sait qu’elle est belle et qu’elle plait au hommes, elle joue de ses charmes pour avoir ce qu’elle veut. Jules est une jeune femme transgenre, elle tombe vite amoureuse et n’a jamais eu de relation “normale” avec les hommes ; elle a souvent des aventures d’un soir, plutôt violente, et se laisse facilement avoir par ses sentiments.
Tous ces protagonistes sont différents et pourtant une certaine noirceur les entoure. Grâce à elles, nous pouvons découvrir une palette d’histoires, de relations, d’espoir et de rêves. J’ai beaucoup apprécié pouvoir découvrir toutes ces filles.
Un clip musicale qui se transforme en série
Au niveau de sa photographie, Euphoria est magnifique. C’est comme si les personnages vivaient dans un clip musical. On y retrouve des couleurs pop, beaucoup de lumières artificielles et colorées. La bande originale de la série apporte également beaucoup à cette ambiance de clip.
Pour conclure, Euphoria est un ovni dans l’univers du Teen drama. Cette série est autant fascinante que perturbante, certes elle s’adresse à la jeunesse, mais à celle avertie (série interdite au -16 ans sur OCS). On en vient à ce demander si elle n’est pas un faux Teen drama, une série avec des ados pour les adultes. Une façon de montrer aux parents que l’adolescence n’est pas toujours une phase facile et heureuse. Que jeunesse ne signifie pas l’innocence et la naïveté, mais que la violence et la noirceur atteignent tout le monde, même les plus jeunes. Euphoria présente une période difficile de la vie : celle où on cesse d’être enfant pour devenir adulte.
Informations
Euphoria créée par Sam Levinson avec Zendaya, Hunter Schafer et Maude Apatow – saison 1 disponible depuis le 17 juin 2020 sur OCS (HBO) – U.S.A – actuellement 1 saison – 8 épisodes d’environ 50 minutes – série en cours