X-men : First Class
Un (presque) nouveau départ
En 2011, après l’échec critique de l’Affrontement final et de Origins : Wolverine, la Fox fait appel à Matthew Vaughn (suite au départ de Bryan Singer, initialement prévu derrière la caméra) pour renouveler la franchise avec un nouveau casting et un nouveau style. Le scénario utilisé fusionne un script inspiré du comics First Class de 2006 avec celui de feu Origins : Magneto, pour raconter “la jeunesse des X-men”. Le film offre donc la part belle à Magneto et narre la rencontre entre Charles Xavier et Erik Lensherr avant qu’ils ne deviennent Professeur X et Magneto.
Le style est clairement plus accessible et moderne, Vaughn y apporte son caractère habituel avec une réelle identité artistique, mais qui dénote des œuvres précédentes. L’idée de faire vivre le film au cœur des années 60 est aussi très chouette ; et intégrer le climax en pleine crise des missiles de Cuba est impressionnant, mais révèle l’incapacité du scénario à faire preuve de finesse pour intégrer la saga dans l’Histoire ; ici c’est un peu en mode “gros sabots”. Tout comme le côté créatif, là où on découvrait des mutants dans la première trilogie juste pour le plaisir d’enrichir l’univers, ici les quelques mutants présentés ont forcément un intérêt scénaristique.
Aussi, on ne sait jamais vraiment s’il s’agit d’un préquel ou d’un reboot. Le film s’ouvre exactement de la même manière que X-men, en Pologne, au moment où Erik découvre ses pouvoirs de mutants. Je me souviens aussi que la promotion du film assumait son héritage.
Donc à première vue, nous avons affaire à un préquel. Mais dans ce cas si on y regarde d’un peu plus près, First Class déborde d’incohérences : depuis quand Mystique et Charles Xavier sont amis d’enfance ? Charles et Erik n’ont pas construit le Cérébro puisque c’est le Fauve (qui n’est pas encore bleu) qui le lui fait utiliser pour la première fois (cf X-men) ; la mutante Emma Frost apparait déjà dans Origins : Wolverine (qui se passe dans les années 90) sous les traits d’une adolescente prisonnière de Stryker, alors qu’ici elle est une alliée du méchant de l’histoire ; …etc. La productrice Lauren Shuler Donner a bien essayé de justifier et d’expliquer ces drôles de choix, mais le mal est fait. Ces incohérences sont les premières d’une longue série qui va empêcher d’apprécier la suite de la saga à sa juste valeur.
Pour autant, le film est très bon. Le casting en est le véritable point fort : Michael Fassbender et James McAvoy reprennent très dignement le flambeau de leurs personnages et interprètent des versions plus jeunes très convaincantes. Les scènes d’actions sont très efficaces, la musique est géniale et le montage est original.
Au final, malgré une histoire bien moins subtile, le succès critique est au rendez-vous, les spectateurs accueillent à bras ouverts le nouveau casting et encouragent le studio à suivre cette voie pour la suite de la saga.
The Wolverine, X-men : Days of future past
L’acceptation du moyen
Malgré l’échec critique de Origins : Wolverine, une suite initialement intitulée X-men Origins : Wolverine 2 est très tôt annoncée. Et après plusieurs années de développement et un défilé de réalisateurs, la Fox sort en 2013 le 6e film de la saga et 2e spin-off centré sur le mutant Canadien. Renommé plus sobrement The Wolverine (ou Wolverine : le combat de l’immortel en VF, ce qui est assez nul), le métrage fait suite à X-men 3. La happy-end aura été de courte durée puisque Wolverine, hanté par la mort de Jean Grey, s’est exilé loin des X-men. Il est rapidement invité au Japon par Yashida, un riche homme d’affaire mourant, que notre ami griffu a sauvé de la bombe de Nagasaki.
Le scénario a le mérite d’être surprenant et prend le spectateur à contre-pied, malheureusement, il ne saura jamais trancher entre l’action et l’intimiste pour au final proposer un mix des deux, offrant de l’action audacieuse et des scènes plutôt touchantes, mais sans jamais donner le sentiment d’aller au bout des choses.
L’ambiance 100% nippon est une bouffée d’air frais pour cet univers. Logan s’accoutume des traditions japonaises avec une certaine maladresse et n’a donc jamais semblé aussi humain. Cet aspect est aussi traité grâce à un élément scénaristique inédit : la perte de son pouvoir de guérison ; pour la première fois Wolverine est vulnérable. Même si j’aimerai bien qu’on m’explique comment il peut dorénavant supporter son squelette d’adamantium, cette idée permet d’approfondir et de développer la psychologie du personnage. Paradoxalement, c’est dans ce film que son côté bestial est mis le plus en avant. On ne l’aura jamais vu aussi brutal et animal ; la musculature de Hugh Jackman est impressionnante déjà, mais son jeu et l’orientation artistique du personnage l’est tout autant. Aussi, le réalisateur utilise à fond la culture japonaise, tout y passe : les samouraïs, les Yakuzas, les sabres, les ninjas, les salles de jeux, les temples…etc. C’est certainement un peu cliché mais pour un public occidental novice c’est plaisant (ça n’est jamais caricatural non plus).
L’histoire suit 2 arcs principaux : le deuil de Jean Grey, qui se rattache au reste de la saga, et l’intrigue autour de Yashida. Ces 2 fils rouges cohabitent plutôt bien ensemble et offrent 1h30 de bon film pour les raisons que j’ai évoqué en amont. Malheureusement le dernier acte est beaucoup plus faible et remplis toutes les cases du film de super-héros cliché. Cet opus reçoit un avis mitigé de la part du public mais bien meilleur que pour son prédécesseur, ce qui encourage la Fox a annoncé une suite aux spin-off centrés sur Wolverine.
Pour terminer, le film a droit à une scène post-générique, véritable porte ouverte pour la suite de la saga : X-men Days of future past.
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En 2012, après l’énorme carton de Avengers, Bryan Singer (qui revient à la réalisation) se rend compte du potentiel de sa licence, et annonce une suite à X-men : First Class, réunissant les 2 générations de casting pour un super crossover. Après une promotion incroyable portée par l’intégralité du casting et des avants-premières marathon partout dans le monde qui donne au film un sentiment d’apothéose de la saga, le film sort en 2014 et reçoit un accueil critique triomphale. Beaucoup parle du meilleur opus de la saga.
Ce 7e long métrage adapte le comics éponyme en y intégrant des éléments imaginés par Vaughn lorsqu’il était encore lié au projet.
Le film s’ouvre sur un futur apocalyptique. Les mutants sont pourchassés par les Sentinelles, des robots géants chasseurs de mutants ; qui, une fois capturés sont entassés dans des camps (similaires à des camps de concentration, encore…). Un petit groupe de X-men composés des principaux mutants de la 1ère génération semble avoir trouvé une parade pour échapper à leurs ennemis. Au passage, Charles Xavier est en vie et…nous n’aurons jamais d’explication (exceptée une scène post-générique vraiment pas assez claire à la fin de X-men 3).
Rapidement les choses dégénèrent et, grâce au pouvoir de Kitty (qui sait dorénavant voyager dans le temps…ok) renvoie Wolverine dans les années 70 régler le problème à la source. S’en suit une série de péripéties entre 2 époques différentes, où l’une influe sur l’autre et vice-versa.
Le film est très réussi, il n’a pas volé sa réputation d’être le meilleur film de la licence (hors spin-off). Singer revient derrière la caméra heureux et inspirés de pouvoir rejouer avec ses personnages. Il offre de belles scènes à la première génération dans un futur oppressant et visuellement très réussi (on peut y voir un côté Terminator dans l’ambiance). A cette époque, terminées les querelles entre Magneto et les X-men, les mutants sont au bord de l’extinction alors l’heure est plutôt au pardon et à l’entraide ; c’est une belle conclusion pour ces personnages.
Le nouveau casting n’est pas non plus en reste puisque c’est bel et bien la suite de First Class. Nous retrouvons un Professeur X désemparé, incapable d’utiliser ses pouvoirs et à des années lumières du noble et vénérable professeur de Patrick Stewart (en résultera une des meilleures scènes du film réunissant les deux versions du personnage) ; et un Magneto en prison, accusé du meurtre du président Kennedy (encore et toujours cette volonté de marquer la saga dans l’Histoire). Malheureusement, cette partie baignée dans les années 70 se résume à une trop simple et déjà-vue divergence d’opinions Magneto/Professeur X, mêlée à une intrigue plutôt intéressante autour de Bolivar Trask et de Mystique.
Artistiquement, Bryan Singer a des idées, plein d’idées. Les batailles de la Statue de la Liberté (cf X-men) ou de Alkali Lake (cf X-men 2) font pâle figure face à ces scènes boostées aux effets spéciaux illimités. Des fois c’est un peu raté (la scène du train), des fois c’est excessif pour en mettre plein les yeux (la scène du stade) mais des fois c’est une vraie merveille (la scène de Quicksilver au Pentagone).
On n’aurait pu penser qu’un film qui parle de voyages dans le temps saisisse l’occasion pour corriger les problèmes de continuité de la saga, c’est raté. Non, c’est même pire puisqu’il en crée de nouveaux. Donc au final, on efface tout, mais pas vraiment, mais presque… enfin c’est compliqué.
On peut regretter des choix qui nuisent à la qualité du métrage : Jennifer Lawrence (qui est devenue une méga star entre temps) apparait beaucoup trop, Mystique est trop rarement bleue et c’est incohérent avec le personnage de la première trilogie. On a aussi droit à un nouvel arc narratif pour Stryker, qui n’a absolument rien à voir avec ce qu’on avait vu jusqu’ici (cf Origins : Wolverine), conclu par un cliffhanger des enfers qui ne sera jamais résolu par la suite.
X-men : Days of future past a bien failli être une véritable réussite. Il est très divertissent, très bon, mais dans l’ensemble de la saga il est bancale. Le métrage semble incapable de proposer un vent nouveau à ses personnages. Certes il offre une happy-end à sa première génération de casting, mais la licence commence à tourner en rond et patauge dans les mêmes messages, les mêmes métaphores et les mêmes dilemmes moraux que depuis X-men. En gros, c’est beau, c’est très bien fait, mais ça a perdu une partie de son âme.